Les clients de la SNCF vont devoir faire preuve de patience aujourd'hui, mais peut-être également dans les jours à venir. De l'aveu même de la direction, la grève lancée hier soir par la CGT et SUD-rail contre la réforme ferroviaire suscite une mobilisation « importante », et elle pourrait bien durer, si les assemblées générales de cheminots grévistes en décident ainsi aujourd'hui.Les prévisions de trafic dévoilées lundi soir avaient annoncé la tendance, avec seulement un TGV sur deux ou trois, selon les axes, et également un TER et un Transilien en moyenne sur trois. Hier matin, François Nogué, le DRH du groupe SNCF, a confirmé l'ampleur du mouvement en précisant que 46 % des cheminots avaient déclaré à l'avance qu'ils feraient grève, comme la loi les y oblige désormais. Ce pourcentage atteint 55 % pour les contrôleurs et les conducteurs. En Ile-de-France, l'appel à cesser le travail est particulièrement suivi sur Paris-Nord et Paris-Est, avec 70 % de conducteurs grévistes.L'ampleur de la mobilisation a surpris la plupart des observateurs. Le précédent appel à la grève contre la réforme, en décembre 2013, n'avait été suivi « que » par 42 % des conducteurs des trains alors même que l'Unsa, deuxième syndicat de l'entreprise publique, appelait lui aussi à cesser le travail, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui.
Regain de combativité
Manifestement, les efforts déployés par la direction de la SNCF et le gouvernement depuis plus d'un an pour éviter de braquer les syndicats (en écartant notamment dès le départ toute remis en cause du statut dans la réforme) n'ont pas suffi. La CGT et SUD-rail rejettent le projet qui doit être examiné la semaine prochaine par l'Assemblée nationale. Ils réclament notamment la réunification de la SNCF et de Réseau Ferré de France, le gestionnaire du réseau dans un seul établissement public (Epic), au lieu du schéma complexe imbriquant 3 Epic que prévoit le texte. Le regain de combativité s'explique peut-être aussi par des raisons internes à la SNCF. La direction a lancé un plan de réduction des frais de structures de 700 millions d'euros sur trois ans, et poursuit les réductions de postes (900 cette année), deux éléments propres à alimenter le ressentiment des cheminots.Cela peut-il contribuer à installer la grève dans la durée ? SUD-rail, qui a recueilli 17 % aux dernières élections professionnelles et garde quelques solides bastions, comme à la gare Saint-Lazare à Paris, a sans doute envie d'en découdre, mais laissera la parole à la base. Même son de cloche du côté de la CGT-cheminots, premier syndicat avec 35,6 % des voix : « Ce sont les cheminots qui décident », prévient Gilbert Garrel, son dirigeant.Le gouvernement, de son côté, affiche sa détermination à défendre le texte par la voix du secrétaire d'Etat aux Transports, Frédéric Cuvillier. Une rencontre avec les syndicats est toutefois prévue pour demain après-midi, « dans le cadre des consultations sur la réforme ferroviaire », indique le ministère. Une réunion qui pourrait, au besoin, se transformer en séance de négociation.