Quand il a une idée en tête, il ne la lâche pas. Invité sur RMC hier, le président du Medef a renouvelé sa proposition de débattre d'un Smic « intermédiaire ». « Je compte bien en discuter avec les partenaires sociaux s'ils m'autorisent à en parler », a-t-il avancé. Dans son esprit, ce Smic intermédiaire pourrait être de l'ordre de 600 ou 700 euros net (le Smic actuel est de 1.128 euros net par mois), qui serait ensuite abondé par l'Etat pour atteindre « 1.000 ou 1.100 euros net », a précisé Pierre Gattaz, en indiquant qu'il s'agirait d'un salaire temporaire. En clair, ce serait une sorte de contrat aidé en entreprise, un concept pourtant souvent critiqué par le patronat. « Je suis désespéré par le nombre de gens qui sont très loin, écartés de l'emploi, écartés du travail, écartés de l'entreprise. Qu'est-ce qu'on fait ? Eh bien on ne fait rien aujourd'hui ! Il n'y a aucune proposition pour remettre ces gens au travail », a-t-il affirmé. Jean-Claude Mailly, qui tenait hier une conférence de presse au siège de FO, n'a pas manqué de réagir : « Ce n'est pas la peine qu'il m'appelle, c'est non ! Je n'ai pas à discuter de cela avec le patronat. Le président du Medef est tout de même curieux ! Il est toujours à réclamer de l'argent à l'Etat. » A la CFDT, la proposition n'a pas reçu meilleur accueil : « Pierre Gattaz fait diversion, c'est un contre-feu pour masquer l'immobilisme du patronat sur les négociations qui doivent se tenir dans les branches sur les contre-parties au pacte de responsabilité », s'indigne Laurent Berger, le leader de la CFDT. Avant de poursuivre : « Puisque Pierre Gattaz est si soucieux de l'emploi des jeunes, qu'il négocie sur le sujet dans les branches, qu'il prenne ses responsabilités. »

« Provocation »

Après ces réactions, il y a fort à parier que malgré la volonté du patronat, ce thème ne figure pas à l'agenda de la grande conférence sociale de début juillet. Pas plus que la « modernisation du marché du travail », un temps évoquée. « Je ne sens pas beaucoup d'appétit, ni côté gouvernement, ni côté syndicats, pour aborder ce genre de sujets », estime un conseiller gouvernemental. François Rebsamen avait d'ailleurs réagi, après la première sortie de Pierre Gattaz sur le Smic, la qualifiant de « provocation ». La conférence sociale sera en revanche l'occasion de revenir sur « la modernisation du dialogue social », notamment sur les instances représentatives du personnel et les seuils sociaux, un sujet clef.