D'après le dirigeant ukrainien, des soldats nord-coréens commenceront à combattre des troupes ukrainiennes à partir de dimanche, faisant craindre une nouvelle "escalade" dans la guerre qui oppose la Russie à l'Ukraine depuis 32 mois.

La Corée du Nord a assuré de son côté vendredi qu'un déploiement de ses troupes en Russie serait "conforme" au droit international, sans confirmer ou infirmer la présence de ses soldats.

"Si ce dont les médias internationaux parlent existe, je pense que ce serait une chose faite en conformité avec les règles du droit international", a déclaré Kim Jong Gyu, vice-ministre nord-coréen des Affaires étrangères chargé des Affaires russes, cité par l'agence officielle nord-coréenne KCNA.

Volodymyr Zelensky a appelé les Occidentaux à "punir" le duo Russie-Corée du Nord, qui se sont fortement rapprochées depuis deux ans, des alliés de Kiev accusant Pyongyang de fournir des munitions à l'armée russe. "Nous avons besoin d'une réaction forte (...) de la part des dirigeants du monde", a-t-il réclamé.

Séoul a exprimé sa "grave inquiétude", demandant "instamment le retrait immédiat des troupes nord-coréennes (de Russie) et la cessation de la coopération illégale" entre Moscou et Pyongyang.

Les Etats-Unis et le Japon ont également exprimé "leurs graves inquiétudes concernant le déploiement de troupes de la Corée du Nord en Russie, potentiellement pour les utiliser sur le champ de bataille contre l'Ukraine", selon un porte-parole de la présidence américaine, John Kirby.

Dans la foulée, le G7, qui rassemble sept des économies les plus avancées au monde, a annoncé vendredi un accord en vue d'un prêt d'"approximativement 50 milliards de dollars" à l'Ukraine, remboursé par les intérêts des avoirs russes gelés dans le cadre des sanctions occidentales.

Jeudi, les députés russes ont voté, à l'unanimité et sans surprise, la ratification du "traité sur le partenariat stratégique global" avec la Corée du Nord.

Le texte signé le 19 juin, durant une rare visite du président russe Vladimir Poutine à Pyongyang, prévoit à l'article 4 "une aide militaire immédiate" en cas d'agression armée de pays tiers.

La Corée du Sud et les Etats-Unis affirment que des milliers de soldats nord-coréens s'entraînent déjà sur le sol russe, dans le cadre de cette coopération accrue. 

Et Kiev a dit jeudi avoir les preuves que des soldats de Pyongyang étaient déjà arrivés dans "la zone de combat" de la région frontalière russe de Koursk. Ce que Pyongyang et Moscou ont démenti.

- "A nous de décider" -

"Selon nos services de renseignement, les 27 et 28 octobre, la Russie utilisera les premiers militaires nord-coréens dans des zones de combat", a affirmé vendredi Volodymyr Zelensky sur Telegram.

Peu après, un haut fonctionnaire de la présidence ukrainienne a précisé à l'AFP, sous couvert d'anonymat, que ce déploiement pouvait "arriver à la fois" sur la ligne de front en Ukraine et dans la région de Koursk, territoire russe où Kiev contrôle toujours des centaines de kilomètres carrés depuis une offensive dans la zone en août.

Pour John Kirby, l'envoi de troupes nord-coréennes en Russie "montre combien Vladimir Poutine est désespéré".

Le chancelier allemand Olaf Scholz a dénoncé de son côté "un fait grave".

Face aux accusations occidentales, le président russe a réagi vendredi, dans une interview diffusée par la télévision d'Etat russe.

"C'est à nous de décider de façon souveraine si nous mettons quelque chose en place ou pas, où, comment, si nous en avons besoin, ou si nous allons simplement organiser, par exemple, des exercices (militaires conjoints), des entraînements ou bien encore partager l'expérience" du champ de bataille, a-t-il déclaré en clôture du sommet des Brics.

Vendredi soir, un drone a frappé une tour résidentielle de Kiev, faisant au moins un mort et cinq blessés et provoquant un incendie sur plusieurs étages, ont indiqué les services d'urgence. 

- "Plus de souplesse" -

Le président sud-coréen Yoon Suk Yeol avait déclaré jeudi que son pays ne resterait "pas les bras croisés", annonçant que Séoul étudierait "avec plus de souplesse" qu'auparavant la possibilité de fournir des armes à l'Ukraine.

La Corée du Nord a adopté un nouvel hymne national, a rapporté par ailleurs vendredi un média d'Etat, une nouvelle mesure devant permettre à son dirigeant Kim Jong Un de définir son pays comme étant entièrement séparé du Sud et en conflit avec lui.

La Corée du Nord a déjà modifié sa Constitution pour définir le Sud comme un État "hostile" et a dynamité en octobre les routes et les voies ferrées qui reliaient autrefois les deux pays.