Sans attendre les décrets d'application de la loi sur les transports votée au printemps, les collectivités ont affiché des initiatives pour protéger les passagers d'agressions, en particulier les femmes.
Car elles représentent 91% des victimes d'agressions sexuelles dans les transports, selon l'observatoire national des violences faites aux femmes (mars 2025). Et la grande majorité d'entre elles se déclarent "pas rassurées" entre 22H00 et minuit ou après minuit lorsqu'elles sont seules dans une rame ou un bus.
Depuis quelques semaines, la métropole d'Orléans propose un "bouton d'urgence" ou "bouton SOS" sur l'appli de transports régionaux, relié directement à la police, via le numéro 17, en cas d'agression.
Le système permet permet une géolocalisation immédiate et un "signalement", via photo ou vidéo, de faits de violence, directement à l'opérateur du réseau.
La métropole de Montpellier doit lancer un bouton d'alerte du même type le 25 novembre.
La RATP n'a pas d'appli dédiée, mais promeut avec la SNCF le numéro d'urgence 3117 pour lutter contre le harcèlement dans les transports dans toute l'Ile-de-France (ou SMS au numéro: 31 17 7).
- "Assignées à résidence" -
Les solutions ne sont pas toutes technologiques. L'arrêt à la demande entre les stations pour les bus est utile, relève Emmanuelle Cortot-Boucher, présidente de la Commission sûreté de la RATP: chaque soir, après 22 heures, les chauffeurs de bus enregistrent une trentaine de demandes d'arrêts à la demande sur leurs 255 lignes.
A Montpellier, où 200 lieux "refuge" ont été ouverts pour accueillir des personnes se sentant menacées, les arrêts à la demande existent après 21 heures et avant 7 heures du matin.
Orléans a aussi créé le 1er septembre un système de réservation de transport nocturne.
Le ministre Philippe Tabarot a profité de son passage aux RNTP pour rappeler qu'il souhaitait la publication rapide de décrets d'application de sa loi --autorisant notamment l'utilisation de caméras piétons par les contrôleurs-- dont certains éléments ont été suspendus par le Conseil constitutionnel. Il s'est prononcé aussi en faveur des "caméras intelligentes".
Les femmes et toute personne vulnérable ne doivent plus se sentir "assignées à résidence sur certains territoires et à certaines heures de la journée", a-t-il dit.
- Détecter "les situations atypiques" -
A Paris, la RATP dispose déjà de 51.000 caméras de vidéo-protection dans les couloirs, sur les quais et dans les métros, tramway et bus.
Mais "leur utilisation a une limite qui est la capacité d'analyser les images" a souligné Mme Cortot-Boucher, en plaidant pour l'utilisation de l'intelligence artificielle, qui permet de détecter les "situations atypiques".
Sans recours à la reconnaissance faciale, cette technique a été utilisée de manière expérimentale pendant les Jeux olympiques jusqu'au 31 mars 2025.
Ce dispositif est "très efficace" pour détecter "une concentration anormale de personnes ou pour détecter des intrusions dans des zones interdites au public", a-t-elle dit. Mais pas encore pour les mouvements de foule ni pour l'abandon de colis.
Après l'émotion provoquée par la tentative de viol le 16 octobre d'une jeune brésilienne dans le RER C, suivie de l'arrestation de son auteur, deux pétitions circulent sur le sujet.
L'une, lancée le 24 octobre par une "Marie K" qui reste anonyme, demande "des wagons réservés aux femmes et aux enfants sur l'ensemble du réseau transilien". Elle avait recueilli vendredi plus de 29.000 signatures sur change.org.
L'autre, initiée le 23 octobre par l'adjoint au maire de Choisy-le-Roy Ali Id Elouali (EELV), demande "des caméras dans chaque rame", avec plus de 800 signatures vendredi.
Fin septembre, la députée LFI de Seine-Saint-Denis Nadège Abomangoli a aussi proposé d'instaurer des cabines non mixtes dans le premier téléphérique urbain d'Ile-de-France qui sera mis en service le 13 décembre. Les cabines aériennes de 10 places relieront Créteil et Villeneuve Saint-Georges.
Une mauvaise idée pour Ile-de-France Mobilités (IDFM), l'autorité organisatrice des transports franciliens: chacune des 105 cabines sera équipée de vidéoprotection en temps réel et de deux boutons d'alerte. Et deux personnes seront en permanence dans chaque station.