Cette poussée de tensions intervient alors que Russes et Ukrainiens doivent se rencontrer à Istanbul "en deuxième partie de journée", selon Moscou.
Les modalités exactes de ces échanges restent toutefois floues, alors que l'armée russe continue de revendiquer des gains territoriaux, mineurs mais symboliques, en Ukraine.
Malgré l'importance de cette réunion qu'il avait lui-même annoncée et la demande de Volodymyr Zelensky de discuter en personne, Vladimir Poutine n'a "pas prévu pour le moment" de se rendre en Turquie, a indiqué son porte-parole, Dmitri Peskov, qui n'a pas voulu étayer les raisons de cette décision.
A sa place, le maître du Kremlin a décidé d'envoyer une délégation emmenée par l'un de ses conseillers de second plan, Vladimir Medinski, accompagné de deux vice-ministres.
Des profils qui tranchent avec les hauts responsables réunis mercredi soir autour du président russe pour "préparer les négociations", selon le Kremlin, mais qui ne font pas partie du voyage.
Né en Ukraine soviétique, M. Medinski est connu pour sa lecture nationaliste de l'histoire de la Russie. En 2023, il avait déclaré que l'Ukraine faisait "partie de la terre russe". Il avait déjà pris part aux dernières négociations de paix directes entre Kiev et Moscou, au printemps 2022, qui avaient échoué.
A son arrivée à Ankara, en Turquie, Volodymyr Zelensky a immédiatement critiqué cette équipe de négociateurs russes, la qualifiant de "pure façade" et s'interrogeant sur sa capacité à "prendre des décisions".Il a précisé qu'il "réfléchirait" à son plan d'action après sa rencontre avec son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan.
Quelques minutes après ces déclarations, une réponse cinglante est venue de Maria Zakharova, la porte-parole de la diplomatie russe: "Qui utilise le mot de +pure façade+ ? Un clown ? Un raté ?", a-t-elle taclé, lors de son briefing hebdomadaire, interrogée en direct.
"Qui est-il ?", a-t-elle encore lancé.
- "Pitoyable" -
Cette échange d'invectives sème le doute à quelques heures d'une rencontre censée enclencher un processus diplomatique pour trouver une issue à l'invasion russe de l'Ukraine, lancée en février 2022 et qui a coûté la vie à plusieurs dizaines de milliers de civils et militaires et causé des destructions gigantesques.
La délégation russe est arrivée dans la matinée à Istanbul, sans Vladimir Poutine donc, alors que Volodymyr Zelensky l'avait mis au défi de venir en Turquie et de l'y rencontrer.
Réagissant jeudi à cette demande du dirigeant ukrainien, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a déclaré jeudi depuis Moscou que M. Zelensky était "pitoyable".
A Istanbul, les discussions "sont décalées en deuxième partie de journée", avait annoncé au préalable Maria Zakharova. Kiev n'a, de son côté, pas communiqué sur l'horaire de la réunion, ni la composition exacte de sa délégation.
Depuis Ankara, Volodymyr Zelensky a toutefois annoncé avoir emmené en Turquie une équipe "du plus haut niveau", citant notamment des représentants du ministère des Affaires étrangères, de l'armée et des services de renseignement.
Il n'a pas dit toutefois qui devait se rendre précisément à Istanbul et s'il irait personnellement ou non.
- Attente à Istanbul -
Sur les rives du Bosphore, devant le palais de Dolmabahçe, où doit avoir lieu la rencontre, plusieurs centaines de journalistes font le pied de grue depuis la matinée, selon des journalistes de l'AFP présents sur place.
Ces discussions avaient été annoncées par Vladimir Poutine, le week-end dernier, en réponse à un ultimatum des Européens et de Kiev lui ordonnant d'accepter un cessez-le-feu préalable à des négociations. Le président russe avait balayé cette offre coordonnée de concert avec Washington.
Le président américain Donald Trump, qui pousse Kiev et Moscou à négocier, a pour sa part répété jeudi qu'il pourrait se rendre "vendredi" en Turquie en cas de progrès dans les discussions.
Son secrétaire d'Etat, Marco Rubio, a lui insisté sur le fait que le président américain était "ouvert" à "tout mécanisme" pouvant ramener la paix.
Pour "éviter de retomber" dans les "pièges" qui avaient fait échouer les pourparlers initiaux au printemps 2022, le chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot, a répété vouloir un "cessez-le-feu, sans condition, immédiat".
L'Ukraine et la Russie continuent pourtant d'afficher des exigences difficilement conciliables, alors que Moscou, dont l'armée a revendiqué jeudi la conquête de deux nouvelles localités dans la région orientale de Donetsk, occupe toujours près de 20% du territoire ukrainien.