Ryland Headley, qui niait les faits, sera fixé sur sa peine mardi, après avoir été jugé coupable par le jury du tribunal de Bristol (sud-ouest).
La victime, Louisa Dunne, avait été retrouvée morte étranglée à l'âge de 75 ans à son domicile à Bristol, le 28 juin 1967. L'enquête avait montré que cette veuve, mère de deux enfants, avait aussi été violée.
L'affaire a connu un rebondissement en 2023, quand la police a rouvert l'affaire en recourant aux technologies d'analyses ADN. Des tests ont été effectués notamment sur la jupe bleue que portait la victime. L'empreinte génétique retrouvée correspondait à celle de Ryland Headley.
Âgé de 34 ans au moment du crime, il s'était introduit par effraction chez sa victime avant de l'attaquer.
Malgré une vaste enquête de police déclenchée à l'époque, lors de laquelle les empreintes de mains de 19.000 hommes avaient été recueillies, le meurtrier était resté introuvable.
M. Headley a en revanche été condamné en 1978 pour le viol de deux femmes, une septuagénaire et une octogénaire, commis en octobre 1977 à Ipswich, dans le sud-est de l'Angleterre. Dans les deux cas, il était entré au domicile de ses victimes pendant la nuit, les avait menacées avant de les violer.
Cet homme, qui avait en outre commis une dizaine de cambriolages dans les années 1970, a été condamné pour les viols de 1977 à la prison à perpétuité, avant que sa peine ne soit réduite à sept ans d'emprisonnement.
- "Justice rendue" -
En 2012, ses empreintes génétiques sont enregistrées dans une base de données nationale, à la suite d'un incident déconnecté de l'affaire, selon la police.
Plus de dix ans après, en 2023, la police rouvre le dossier de Louisa Dunne, dans le cadre d'une révision des crimes non résolus. Les nouvelles méthodes de la police scientifique permettent de confondre Ryland Headley, qui est inculpé en novembre 2024, et placé en détention.
Après son arrestation, une empreinte de main retrouvée sur la fenêtre de la chambre située à l'étage de la maison de Louisa a été comparée à la sienne et, là encore, les deux correspondaient, a expliqué la police.
"Pendant 58 ans, ce crime épouvantable est resté non résolu et Ryland Headley, l'homme que nous savons maintenant être responsable (des faits), a échappé à la justice", a réagi une responsable du parquet, Charlotte Ream, se félicitant que "justice soit rendue".
"Ryland Headley fait face à la perspective de passer le reste de sa vie en prison", a-t-elle ajouté.
L'affaire est "l'un des plus vieux cold cases à avoir été résolu au Royaume-Uni", selon le Crown Prosecution Service (CPS), chargé des poursuites pénales.
S'exprimant à l'extérieur du tribunal de Bristol, Mary Dainton, la petite-fille de Louisa Dunne, a raconté le traumatisme causé par la mort de sa grand-mère au sein de sa famille.
"Je ne pense pas que ma mère s'en soit jamais remise. L'anxiété a obscurci le reste de sa vie", a-t-elle dit.
"J'avais seulement 20 ans lorsque ma grand-mère est décédée, et j'ai maintenant presque le même âge qu'elle avait lorsqu'elle a été tuée", a souligné la septuagénaire.
Elle a aussi expliqué que le crime avait eu pour effet d'éloigner de la famille certaines personnes, "y compris des amis". "Il y a un stigmate associé au viol et au meurtre (...) Donc j'en ai rarement parlé à qui que ce soit jusqu'à maintenant", a-t-elle dit.
"Cela me rend profondément triste que toutes les personnes qui connaissaient et aimaient Louisa ne soient pas là pour voir que justice est rendue", a-t-elle ajouté.
L'Agence britannique de lutte contre le crime (NCA) a dit coopérer avec la police d'Avon et du Somerset pour tenter de découvrir si le nonagénaire a commis d'autres crimes.