Le déficit public dérape et le retour au seuil des 3 % de PIB s'éloigne encore un peu plus. La France a enregistré un déficit public de 4,3 % de PIB en 2013, a confirmé l'Insee hier matin. Le déficit baisse donc pour la quatrième année d'affilée (de 0,6 point car il a été révisé de + 0,1 point, à 4,9 % pour 2012). Mais il baisse moins vite que prévu. Bercy l'attendait à 4,1 %. Bruxelles anticipant un déficit de 4,2 % dès ses prévisions d'hiver, le chiffre publié hier n'est « malheureusement pas une très grande surprise », a réagi le porte-parole du commissaire aux Affaires économiques, Olli Rehn. Et d'appeler la France à prendre des « mesures supplémentaires » à l'occasion du programme de stabilité qui doit être présenté mi-avril au Parlement. C'est dans ce document que Paris réactualisera sa trajectoire de retour à l'équilibre des comptes publics.Le dérapage du déficit en 2013 complique la tâche du gouvernement pour tenir ses engagements européens. Début mars, Bruxelles avait placé la France sous surveillance renforcée, craignant de voir Paris rater ses cibles de déficit public, nominal et structurel (hors effets de la conjoncture) pour 2013 comme pour 2014.
Avancer le calendrier
Bruxelles table sur un déficit français qui s'élèverait encore à 4 % de PIB cette année (une prévision faite avant la publication de l'Insee) et demande donc à la France de prendre des mesures d'urgence. Jusqu'à présent, Paris niait toute volonté de dévier de la trajectoire actuelle (un déficit de 3,6 % cette année puis de 2,8 % l'an prochain). D'autant que la France a déjà obtenu, en 2013, un report de deux ans pour revenir à 3 %.Mais François Hollande a indiqué hier soir que le plan de 50 milliards d'économies programmé pour 2015-2017 ne servirait pas qu'à réduire le déficit public. Il doit aussi permettre de réduire les impôts des ménages et baisser les cotisations salariales (lire page 4). « Je ne veux surtout pas fragiliser la croissance qui repart », a prévenu le chef de l'Etat, qui n'a d'ailleurs par cité le montant de 50 milliards évoqué en janvier.A côté des économies, il entend clairement mettre en avant son pacte de responsabilité auprès de ses partenaires européens. « Le gouvernement aura aussi à convaincre l'Europe que cette contribution de la France à la compétitivité et à la croissance doit être prise en compte dans le respect de nos engagements », a-t-il poursuivi, laissant clairement entendre que le retour du déficit à 3 % risquait d'être à nouveau repoussé.Paris demande à haute voix à Bruxelles (et à Berlin) de tenir compte de son effort de maîtrise de dépenses mais aussi des réformes structurelles pour la compétitivité. Un discours qui se rapproche de celui tenu (plus vigoureusement) par Matteo Renzi en Italie. Mais ce dernier affiche, lui, un déficit inférieur à 3 %. C'est toute la différence.