Le ministre du Travail et de l'Emploi, François Rebsamen, avait pris soin depuis sa nomination de ne surtout pas fixer de calendrier à l'inversion de la courbe du chômage. Pas question de se retrouver comme son prédécesseur, Michel Sapin, l'an passé, enfermé dans un compte à rebours permanent. Impossible pour autant d'espérer reconquérir l'opinion et entraîner sur le terrain économique le choc de confiance recherché sans au moins afficher la perspective de jours meilleurs. Pour distiller, à défaut de résultats immédiats à brandir, un message d'optimisme, a fortiori en période préélectorale, François Rebsamen s'est aventuré pour la première fois, hier sur Radio Classique, à fixer un objectif chiffré : « Il y a aujourd'hui 3.349.000 chômeurs, il faut que, quand nous arriverons vers la fin du quinquennat, il y en ait moins de 3 millions. »
Prévisions « optimistes »
L'horizon est lointain mais l'exécutif, qui mise avant tout sur l'impact à compter de 2015 des baisses de charges dans le cadre du pacte de responsabilité, ne se fait pas d'illusions sur les résultats à attendre cette année. Et, en évoquant 2017, François Rebsamen s'aligne sur la perspective posée par François Hollande lui-même, qui a indiqué le 18 avril n'avoir « aucune raison d'être candidat » à un second mandat si le chômage ne baissait pas d'ici à la fin du quinquennat.Selon François Rebsamen, l'objectif, au-delà de la symbolique de repasser sous un seuil qui marque l'opinion, se veut réaliste. Il repose naturellement sur les 500.000 créations d'emploi supplémentaires espérées par l'exécutif à l'horizon 2017 via les futures baisses de charges et la montée en puissance du crédit d'impôt compétitivité emploi (Cice). Mais, mi-avril, le Haut Conseil des finances publiques a jugé ces prévisions « optimistes » : selon lui, le gouvernement « surestime » l'impact en termes d'emplois du Cice d'une part, et table, d'autre part, sur un fort impact immédiat des baisses de charges alors que leur effet positif sur les embauches « est habituellement plus étalé dans le temps ». Forte d'une analyse similaire, l'OCDE a estimé la semaine dernière que le chômage ne devrait repartir à la baisse que « vers la fin 2015 ».Au-delà des 3 millions symboliques, c'est un autre palier sous lequel l'exécutif cherchera à repasser avant la fin du mandat : celui des 2,92 millions de chômeurs que comptait le pays en mai 2012, à l'arrivée au pouvoir de François Hollande. Depuis, le nombre de chômeurs a augmenté de 425.000. Durant le quinquennat de Nicolas Sarkozy, marqué par la crise, il a bondi de 753.000. A l'opposé, Jacques Chirac avait connu entre 2002 et 2007 un recul global de 320.000. Après deux premières années de fortes hausses, il avait bénéficié de la reprise de 2004-2007, où des taux de croissance entre 1,8 % et 2,5 % avaient permis de faire reculer de 530.000 le nombre de chômeurs sur les trois dernières années de son mandat. Le pari du gouvernement est donc tenable. A condition de retrouver une croissance de 2 %.