"Cette année encore, pour les Français juifs, l’heure est à l’inquiétude", a affirmé Yonathan Arfi, le président du Crif, en déplorant un "déferlement d’antisémitisme depuis le 7-Octobre".

Entre janvier et mai 2025, un total de 504 actes antisémites ont été recensés (dont 323 atteintes aux personnes), selon le ministère de l'Intérieur. C'est une baisse de 24% sur un an, mais un doublement (+134%) par rapport à la même période de 2013.

Face à ce phénomène, le Premier ministre a assuré que "le garde des Sceaux transmettra prochainement à tous les parquets de France une circulaire, précisant les méthodes qui permettent de débusquer l'antisémitisme" en s'appuyant notamment "sur la définition donnée par l'Alliance internationale pour la mémoire de l'Holocauste".

Par ailleurs "les moyens du parquet national de lutte contre la haine en ligne vont être renforcés" et la plateforme de signalement Pharos "va être développée encore davantage", a-t-il promis sans plus de détails.

Quant à l'école, le gouvernement souhaite "que soit intégré au programme d'Histoire une étude approfondie des mouvements d'émancipation nationale au Moyen Orient", a ajouté M. Bayrou.

Parmi les autres invités se trouvaient plusieurs ministres et le président du Sénat Gérard Larcher.

Dans un discours aux accents très politiques, M. Arfi avait précédemment remercié les pouvoirs publics qui "veillent à mettre à jour notre arsenal législatif" face à l'antisémitisme et toutes les haines. Mercredi, le Parlement a adopté une proposition de loi visant à lutter contre l'antisémitisme dans l'enseignement supérieur, et des assises de lutte contre l'antisémitisme ont été lancées en 2024.

Mais le patron du Crif s'en est aussi pris aux élus "qui choisissent d’attiser le feu" par des "outrances" et "raccourcis coupables".

Parmi eux, "il en est un au populisme mondain et à la faconde inimitable", a-t-il ajouté, assurant que "Dominique de Villepin est devenu un Mélenchon des beaux quartiers". 

- "Légitimité" -

M. Arfi, récemment réélu pour trois ans, a réitéré ses critiques envers le leader de LFI Jean-Luc Mélenchon qui "rédui(t) Gaza à un slogan électoral", et sa promesse de "rendre résiduelle l’influence politique de La France insoumise".

Revenant sur la guerre entre Israël et l'Iran, il a aussi déploré "les positions erratiques de certaines diplomaties européennes" dont "celle de notre pays".

Il a ainsi regretté que malgré "son soutien aux frappes contre la menace nucléaire iranienne", le gouvernement français ait fait condamner l'accès au stand israélien au salon aéronautique du Bourget en juin.

François Bayrou avait alors déclaré que la situation à Gaza, "moralement inacceptable", imposait de marquer "réprobation" et "distance".

Invoquant une "intimité avec l'âme juive au sein de l'âme française", le Premier ministre a estimé que "cela n'empêche pas d'exprimer les inquiétudes, les soucis et les désaccords que nous avons avec le gouvernement israélien, comme à propos de la situation humanitaire à Gaza".

Sur la reconnaissance d'un Etat palestinien, évoquée par le président de la République Emmanuel Macron, M. Arfi s'est interrogé: "Pourquoi (...) risquer d’offrir à une organisation terroriste l’opportunité de revendiquer une victoire symbolique ?".

M. Bayrou a assuré qu'"il ne pourra pas y avoir au Proche Orient d'équilibre fondé sur le droit tant qu'Israël ne sera pas reconnu par ses voisins dans sa légitimité à vivre, et prémuni contre le feu nucléaire de ceux qui n'ont cessé de proclamer leur unique intention de le détruire".

Et "il ne pourra pas y avoir de paix durable au Proche Orient, qui passe pour la France par une solution à deux États, sans cessez-le-feu, condamnation absolue du 7-Octobre et libération de tous les otages", a-t-il ajouté.

Le 7 octobre 2023 a vu une attaque sans précédent du Hamas en Israël, qui a déclaré en représailles une guerre pour " anéantir " le Hamas, pilonnant sans relâche la bande de Gaza.