Pour le soulager, quelques ventilateurs soufflent. Mais ils ne font que brasser de l'air chaud, auquel s'ajoute la chaleur émise par les trois machines de nettoyage fonctionnant en continu.
"Quand vous faites du 8H-20H, c'est fatigant...", déplore M. Regaieg, qui regrette de ne pas avoir l'autorisation d'installer une climatisation dans sa boutique, faute d'accord de la mairie.
Pressings et blanchisseries, qui utilisent des machines particulièrement génératrices de chaleur, doivent adapter leur mode de travail et leurs horaires pour mieux supporter les fortes chaleurs de l'été et leurs pics caniculaires: pour les personnels et pour le matériel.
Car, au-delà d'un impact physique sur les humains, la forte chaleur peut aussi engendrer des problèmes techniques: les machines sont censées être "adaptées" à ces températures, mais il arrive qu'elles dysfonctionnent.
Le quadragénaire, qui travaille dans cet établissement depuis 13 ans, se rassure : "ce n'est pas tout le temps comme ça, heureusement".
"Et on fait des pauses !", sourit-il en s'essuyant le front avec une serviette.
- Éviter d’émettre de la chaleur -
Mercredi matin dans un autre pressing de la capitale, dans le XVIIe arrondissement, Katia Mahni apprécie la relative fraîcheur matinale, après avoir travaillé l'après-midi mardi. La porte d'entrée grande ouverte laisse passer une légère brise, après une nuit où le mercure n'est pas descendu sous la barre des 21°C.
La principale machine de cette petite boutique de la chaîne Sequoia Pressing "monte à 70°C", explique Mme Mahni, désignant un boîtier métallique imposant derrière le comptoir.
Pour réduire l'exposition à la chaleur, "on lance toutes les machines avant midi et on éteint tout l'après-midi".
"Mardi après-midi, on a tout éteint, même l'éclairage! Il faisait quand même 38°C, mais en ressenti 41°C", soupire l'employée.
Le repassage nécessite aussi un peu d'adaptation: "on repasse en aspiration et pas en soufflerie", pour éviter d'émettre de la chaleur.
Si cette boutique est restée ouverte aux horaires habituels, plus d'un tiers des 60 établissements gérés par Sequoia Pressing, deuxième acteur du secteur en France, ont dû fermer l'après-midi lors du pic de chaleur, selon le président et fondateur du groupe Nicolas de Bronac.
"Pour les boutiques pour lesquelles on a une température qui n'est plus acceptable, on est obligé de les fermer et on prévient les clients", indique-t-il à l'AFP.
- "Extrêmement pénible" -
L'arrivée des vacances d'été s'accompagnant d'une affluence particulière pour les pressings, avant le départ des clients, ces établissements ne peuvent en revanche pas se permettre de fermer complètement.
Inès Rossignol, représentante de la Fédération française des pressings et blanchisseries (FFPB) dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, a créé sa boutique en périphérie de Lyon il y a 15 ans, après avoir été styliste dans la haute couture.
"C'est un métier extrêmement pénible parce qu'on est toujours debout", souligne-t-elle. "On a du mal à trouver des gens qui veulent travailler dans ces conditions, donc dans les pressings on fait très attention" aux employés, dit-elle.
Alors que les canicules doivent se multiplier et s'intensifier dans les prochaines années, sous l'effet du réchauffement du climat, un décret impose aux employeurs depuis le 1er juillet de nouvelles obligations en matière de prévention contre les risques liés à la chaleur, dont l'aménagement des postes de travail (stores occultants, ventilation, brumisation...) et l'adaptation de l'organisation du travail, notamment des horaires.
Une pratique que met déjà en œuvre Mme Rossignol: les jours de forte chaleur, elle arrive au pressing à 4H du matin pour faire tourner les machines, afin de "soulager le personnel". L'après-midi, "on boit beaucoup d'eau" et "on fait des courants d'air avec des ventilateurs".
Impossible en revanche d'installer une climatisation, assure-t-elle, à cause de dépenses d'électricité déjà conséquentes.