Comme un air de déjà-vu. Au plus fort de la crise financière de 2009, les banquiers devaient rendre compte au gouvernement de l'octroi de crédit aux entreprises. Le « credit crunch » redouté n'a pas eu lieu, mais, sur le plan politique, la vigilance est de retour. Le nouveau ministre de l'Economie, Arnaud Montebourg, a demandé lundi soir à une poignée de dirigeants de banque, dont Jean-Laurent Bonnafé, le patron de BNP Paribas et président de la Fédération bancaire française (FBF), de travailler à des engagements en matière de crédit aux PME qui pourraient entrer en compte dans le calcul du variable des banquiers. Le locataire de Bercy s'est voulu le porte-voix des PME, répercutant « l'insatisfaction exprimée par de nombreuses entreprises qui témoignent d'un accès beaucoup trop difficile au crédit ».
De fait, les banques ne sont pas seules à sélectionner leurs clients : les PME aussi choisissent les établissements avec lesquels elles veulent travailler et n'hésitent pas à en abandonner certains. Selon une étude de place commandée par plusieurs banques auprès d'un grand institut de sondage, environ une entreprise sur six (17 %) a claqué la porte à la suite du choix de la banque de ne pas lui accorder un crédit. Ce sujet n'est pas le seul motif de départ : la tarification intervient dans un cas sur quatre. Les clients se plaignent aussi de la qualité de la relation, reprochant pêle-mêle au conseiller son manque de compétences ou d'être inattentif. Faible consolation, dans un cas sur trois, ces fermetures ne sont pas le signe d'une insatisfaction : le client s'en va à la fin d'une opération financière, ou simplement parce qu'il a décidé de limiter le nombre de banques avec qui il travaille.