C'est à cela que sert un panorama : à montrer ce que l'on voit mal quand on est penché sur des cas particuliers. Dans son étude 2014 sur « Les champions industriels des biens de consommation », Deloitte analyse les données financières publiées par les 250 plus importants groupes des secteurs de la high-tech, de l'alimentation, des produits d'entretien et de l'hygiène, du textile et de l'équipement de la maison. Le spectre va de Samsung à Apple en passant par Procter & Gamble, Ralph Lauren et Danone. Le constat le plus paradoxal est clair : les marges sont encore plus importantes sur les marchés matures touchés par la crise financière, comme les Etats-Unis et l'Europe, que dans les pays émergents. Certes, les chiffres sont extraits des bilans 2012, mais la tendance ne s'est pas inversée en 2013.Ainsi, en Asie-Pacifique et en Amérique latine, la marge bénéficiaire nette des champions des biens de consommation est en moyenne de 4,5 %, contre 9 % en Europe et 12,3 % en Amérique du Nord. Pour la France, le ratio est de 8 %… « Les grands groupes se sont développés dans les émergents et ont bénéficié d'un effet volume générateur de synergies », explique Stéphane Rimbeuf, associé responsable « consumer business » chez Deloitte France. « Simultanément, ils ont adapté leurs coûts à la crise des pays matures ».En somme, comme l'affirme Georges Plassat, le PDG de Carrefour, l'une des enseignes qui vend les produits de ces industriels, il ne faut pas oublier que les consommateurs européens disposent encore de l'un des pouvoirs d'achat les plus élevés au monde. En termes de perspectives, estime encore l'expert de chez Deloitte, « les Etats-Unis présentent assurément les fondamentaux les meilleurs ».

Electronique en tête

L'analyse de la marge est d'autant plus étonnante que l'étude indique que celle-ci progresse plus vite que les volumes d'activité. Le taux de croissance composite du chiffre d'affaires du Top 250 des fabricants mondiaux de produits de consommation s'est replié à 5,1 % en 2012, contre 7,0 % en 2011 et 8,4 % en 2010. Pour autant, leur marge bénéficiaire nette composite s'est établie à 8,2 %, contre 6,5 % en 2011. En 2012, les marges bénéficiaires nettes ont augmenté pour presque deux tiers des 224 sociétés déclarantes. « Les turbulences économiques mondiales ont affecté les principaux acteurs en pesant sur les perspectives de croissance. Cependant, les fabricants affichent une rentabilité en hausse malgré le renchérissement des matières premières. Ainsi, sur les 224 sociétés qui ont publié leur résultat net, seules 19 ont enregistré une perte en 2012 », déclare Stéphane Rimbeuf,Le Top 10 du classement est dominé par les fabricants de produits électroniques. Samsung trône en tête devant Apple avec respectivement 179 et 157 milliards de dollars de chiffres d'affaires et des marges nettes respectives de 11,9 % et… 26,7 %. Ces stars de la high-tech sont côtoyées par les poids lourds des produits de grande consommation que sont Nestlé, Procter & Gamble, Unilever, PepsiCo et Coca-Cola. Pour Stéphane Rimbeuf, ces mastodontes illustrent une autre tendance lourde : « Il existe clairement une prime à la taille. Plus les groupes sont gros, plus ils sont rentables. »