Les statistiques ont beau montrer la bonne tenue du crédit bancaire, obtenir l'accord de la banque n'en reste pas moins un exercice exigeant. Au point de susciter des vocations : aider un emprunteur à se présenter sous son meilleur jour est devenu un métier en soi.

Un courtier pour constituer de meilleurs dossiers

Comme son homologue dans l'immobilier, un courtier en crédit aux entreprises met en contact un candidat à l'emprunt avec une banque qui l'accepte comme intermédiaire. Mais la comparaison s'arrête là. Quand le courtier immobilier promet le taux d'intérêt le plus faible, son cousin « corporate » se préoccupe plutôt de rendre le dossier le plus présentable pour les banques. En effet, sauf pour séduire certaines catégories de professions libérales, les banques ne se battent pas sur le terrain des taux pour attirer les PME. « Les banques ont chacune leur méthode d'analyse, qui de plus varie en fonction de chaque fiche métier », souligne Vincent Saada, fondateur du réseau Access Crédits Pro. « Nous apportons aux banques des dossiers présélectionnés complets et aboutis avec une préconisation des outils à utiliser, entre le crédit, le crédit-bail ou encore l'affacturage. » Le cabinet estime avoir obtenu plus de 100 millions d'euros de financements en 2013 pour ses clients. La pratique reste nettement moins répandue que pour les particuliers.

Du « crowdfunding » pour compléter son apport

Avant de donner son aval, la banque a parfois besoin que l'entreprise complète son apport initial. Les plates-formes de financement participatif (ou « crowdfunding ») qui permettent aux internautes de financer un projet « coup de coeur » entendent jouer ce rôle. Outre la collecte de financements, cette technique est rassurante pour la banque, puisque l'entreprise aura déjà dû séduire les internautes. C'est le pari d'un nouvel acteur du prêt participatif : Unilend, cofondé par Nicolas Lesur, un ancien de Neuflize OBC et de la Financière de l'Echiquier. « Nous sélectionnons les entreprises passées par le filtre de l'assureur-crédit Altares, puis par notre propre analyse du risque. Une fois le projet mis en ligne, les internautes ont accès à la présentation détaillée du projet, aux comptes et au carnet d'ordres de l'entreprise. Puis un système d'enchères se met en place, les prêteurs pouvant proposer un taux compris entre 4 et 10 % », explique Nicolas Lesur. Une fois la somme atteinte, l'entreprise se voit appliquer un taux moyen. Facialement, elle n'a qu'un seul remboursement à faire, mais, en réalité, elle aura émis un titre de dette (bon de caisse) pour chacun des prêteurs particuliers. En cinq mois de fonctionnement 1.184 participants ont ainsi prêté 1,1 million d'euros pour financer 16 projets.