La « prime Macron » continue de séduire les entreprises. L'an dernier près de 6 millions de salariés (sur près de 20 millions de salariés éligibles) ont reçu de leur employeur une prime de partage de la valeur (PPV) pour un montant moyen de 885 euros, a indiqué jeudi l'Urssaf. Ce sont ainsi près de 5,3 milliards d'euros de gratification qui ont été versés aux travailleurs en 2023.

Potentiellement séduisante pour les entreprises car simple à mettre en oeuvre et exonérée de charges sociales, cette prime optionnelle trouve son origine dans la crise des « gilets jaunes » de la fin de 2018. Elle a été conçue comme un moyen de répondre aux inquiétudes des Français pour leur pouvoir d'achat.

Près de 520.000 entreprises

Elle est cependant critiquée dans le camp syndical, où l'on rappelle régulièrement qu'un coup de pouce ponctuel ne peut pas remplacer des augmentations de salaires et que les exonérations se font au détriment du financement de la protection sociale.D'abord baptisée prime exceptionnelle de pouvoir d'achat, elle a été transformée en prime de partage de la valeur en 2022. Cette année-là, les deux types de primes avaient bénéficié en tout à 6,8 millions de salariés et représenté quelque 5,40 milliards d'euros de gratifications versés. De quoi relativiser un peu l'engouement pour la prime de partage de la valeur l'an dernier.Quelque 520.000 entreprises (techniquement l'Urssaf parle d'établissements, c'est-à-dire d'unités de production) ont opté en 2023 pour la prime exonérée d'impôt sur le revenu alors que les Français continuent de s'inquiéter pour leur pouvoir d'achat en raison de l'inflation. Et le montant moyen versé aux salariés l'an dernier est supérieur à celui enregistré en 2022, même s'il reste loin du plafond de 3.000 euros prévu (porté à 6.000 euros dans les entreprises ayant un accord d'intéressement ou de participation volontaire).

Les petites entreprises au rendez-vous

L'an dernier, plus d'un tiers des salariés bénéficiaires de la PPV ont reçu 1.000 euros ou plus, quand 40 % ont reçu moins de 500 euros. Les entreprises des secteurs où les salaires sont les plus élevés (finance, industrie, informatique, conseil, services juridiques) ont, sans surprise, versé des primes plus élevées. Dans le secteur du commerce, la prime a été en moyenne de 800 euros. Les primes inférieures à 500 euros ont notamment été versées dans les secteurs de l'action sociale et médico-sociale.La prime de partage de la valeur a été prisée dans les entreprises de petite taille. Près de 24 % des montants de prime ont été versés par des entreprises de moins de 10 salariés, contre 20 % par des entreprises de 2.000 salariés ou plus.Reste à savoir si la prime de partage de la valeur continuera de séduire cette année alors que l'inflation commence à perdre de sa vigueur. D'autant que le dernier budget a prévu de réserver le traitement social et fiscal le plus avantageux aux primes versées par des entreprises employant moins de 50 salariés à des salariés percevant une rémunération inférieure à trois SMIC. Et ce, jusqu'à 2026.