"L'évolution des relations russo-américaines après l'élection dépendra des Etats-Unis. S'ils sont ouverts, nous le serons aussi. Et s'ils ne le veulent pas, nous n'avons pas à le faire", a-t-il déclaré lors de sa conférence de presse de clôture du sommet des Brics, avant une rencontre avec le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, la première depuis avril 2022.

En parlant "de vouloir tout faire pour mettre fin au conflit en Ukraine", Donald Trump a eu des propos "sincères", a salué M. Poutine. 

Mais la paix ne pourra s'établir que "sur les réalités" du champ de bataille et sur rien d'autre, a mis en garde le président russe au moment où ses troupes continuent de progresser face à l'armée ukrainienne soutenue par les pays occidentaux.  

Les Occidentaux "ne cachent pas leur objectif d'infliger une défaite stratégique à notre pays", "des calculs illusoires que seuls peuvent faire ceux qui ne connaissent pas l'histoire de la Russie et ne tiennent pas compte de son unité forgée pendant des siècles", avait-il auparavant mis en garde.

M. Poutine a rencontré dans la soirée Antonio Guterres qui lui a "répété sa position selon laquelle l'invasion russe de l'Ukraine" était une "violation" du droit international, selon un communiqué du bureau du porte-parole du chef de l'ONU.

M. Guterres a d'autre part souligné à M. Poutine son attachement à "la liberté de navigation en mer Noire", capitale pour l'Ukraine et la sécurité alimentaire et énergétique mondiale.

Avant cette rencontre, le chef de l'ONU avait réitéré devant les participants au sommet son appel à "une paix juste" en Ukraine. 

"Le secrétaire général a dit que nous devrions tous vivre comme une grande famille", "malheureusement, dans les familles, il y a souvent des disputes, des scandales, des litiges de propriété, et parfois il y a même des bagarres", lui a répondu le président russe, s'inquiétant également, à l'unisson des pays des Brics, du conflit au Moyen-Orient qui est "au bord d'une guerre totale". 

- "Force stabilisatrice" - 

Groupe de neuf pays pesant pour près de la moitié de la population mondiale et près du tiers du PIB de la planète, les Brics peuvent être "une force stabilisatrice pour la paix", a de son côté affirmé le président chinois Xi Jinping, dont le pays est le principal soutien de la Russie face à l'Occident dans le conflit déclenché en février 2022 par l'assaut des troupes russes en Ukraine.

Moscou et Kiev ont cessé toute négociation officielle et leurs positions semblent en l'état irréconciliables. La perspective de négociations reste très hypothétique au moment où le Kremlin se félicite d'une "dynamique positive" sur le front pour ses troupes.

Des offres de médiation de pays partenaires ont été accueillies "favorablement par le président russe" à Kazan, a affirmé mercredi son porte-parole Dmitri Peskov.

La Chine comme l'autre géant des Brics, l'Inde, n'ont jamais condamné - ni davantage reconnu - l'annexion de territoires ukrainiens par la Russie. 

- "Mauvais choix" -

Les appels à la paix et à l'ouverture de pourparlers en Ukraine lancés à Kazan ne sont pas de nature à répondre aux attentes de l'Union européenne, qui a exhorté les chefs d'Etat et de gouvernement des Brics à inciter Vladimir Poutine à "mettre immédiatement un terme à la guerre qu'il mène contre le peuple ukrainien".

En se rendant à Kazan, M. Guterres a fait un "mauvais choix" qui "ne fait qu'endommager la réputation de l'ONU", a déploré Kiev.

Avec cette réunion des Brics, Vladimir Poutine entendait démontrer l'échec de la politique occidentale de sanctions et d'isolement de la Russie, notamment auprès des pays appartenant à ce qui est souvent décrit comme le "Sud global", et afficher sa volonté de mettre à bas l'"hégémonie" supposée de l'Occident dans les relations diplomatiques mondiales pour favoriser l'avènement d'"un monde multipolaire".

Comptant quatre membres (Brésil, Russie, Inde, Chine) à sa création en 2009 et ayant intégré l'Afrique du Sud en 2010, le bloc désormais dit des Brics (les initiales de ces Etats en anglais) a été rejoint cette année par l'Ethiopie, l'Iran, l'Egypte et les Emirats arabes unis).

Le Venezuela, qui ambitionnait d'intégrer le groupe, a vu sa candidature rejetée en raison d'un veto du Brésil. Caracas a fustigé jeudi "un geste hostile" et "une agression".