En moyenne, sur l'ensemble du territoire, le prix des carburants a nettement reflué. Selon les derniers chiffres de la DGEC, il en coûtait 1,87 euro la semaine dernière pour un litre de sans-plomb 98 et 1,64 euro pour un litre de diesel. Alors qu'il frôlait les 2 euros le litre il y a encore quelques mois. « Nous voyons un recul important depuis un mois et demi, dû essentiellement à la baisse du prix du baril de brut, souligne Francis Pousse, président distributeurs, carburants et énergies nouvelles chez Mobilians, le syndicat des métiers de la distribution et des services de l'automobile. Et la tendance continue d'être baissière malgré les alertes liées au contexte international . »
Produit d'appel
De fortes disparités subsistent néanmoins sur le territoire. Et elles paraissent parfois difficiles à expliquer. C'est ainsi que dans l'Eure, cette semaine, on pouvait trouver un litre de SP98 à 1,79 euro dans une grande surface et, à peine dix minutes plus loin, sur une aire d'autoroute, le même carburant à 2,03 euros le litre… « Le carburant reste un produit d'appel pour les grandes surfaces. Elles peuvent se permettre d'y engranger des marges plus faibles », affirme Francis Pousse. Le président de la Coopérative U, Dominique Schelcher, indiquait ainsi dans une interview au « Journal du Dimanche » que les ventes bondissaient de 25 % les week-ends où son réseau organisait une opération à prix coûtant. Une partie de ces clients vont en magasin.Mais les différences de prix ne s'expliquent pas uniquement par la stratégie agressive de la grande distribution, qui contrôle désormais plus de 60 % du marché en France. Ils sont par exemple plus élevés à Paris du fait de coûts plus importants (salaires, entretien) et de l'impossibilité pour un porteur de 38 tonnes d'entrer dans une agglomération : il faut alors passer par des transporteurs plus petits, souvent plus chers. Les coûts d'acheminement peuvent aussi être plus importants en milieu rural et les stations isolées doivent, en général, payer plus cher pour être livrées. C'est l'une des raisons qui explique la fermeture de bon nombre d'entre elles, au modèle économique de plus en plus compliqué.
Les prix sur les autoroutes peuvent également être plus élevés, selon les contrats passés entre la société de gestion d'autoroute et la station. « Le gérant de la station doit verser une redevance qui varie. Il est aussi obligatoire d'avoir une présence 24 heures sur 24, ce qui augmente les frais. Enfin, quand un réseau remporte un appel d'offres avec la société d'autoroute, certaines stations peuvent être changées intégralement, ce qui entraîne des frais et peut se répercuter sur les prix », explique Francis Pousse.Certains dénoncent enfin des effets d'aubaine. Les représentants des stations-service le réfutent, mais affirment que la pression est grande sur les petits indépendants. « Leur marge nette ne dépasse pas 1 à 2 centimes au litre, et le carburant constitue une grande partie de leur marge totale, répond Francis Pousse. Cela peut être plus long pour eux de répercuter les baisses. » D'où, parfois, ce sentiment de décorrélation entre la baisse des prix de gros et la facture à la pompe.