L'événement est à marquer d'une pierre blanche. Mardi, les leaders du Medef, de la CPME et de l'U2P côté patronal et de la CFDT, de FO, de la CFE-CGC et de la CFTC ont transmis à l'AFP une déclaration que seule la CGT n'a pas signée. L'unique exercice similaire date du Covid. A l'époque, les organisations patronales et syndicales, cette fois-ci au complet, avaient affirmé la nécessité de protéger les salariés exposés parce que continuant à travailler sur site.

Cette déclaration-ci revêt une dimension particulière car elle prend position sur la crise de gouvernement que traverse le pays et s'adresse aux « élus et responsables politiques ». Sa dimension très politique n'a pas empêché, selon plusieurs sources, son élaboration d'être facile et rapide. « Les contacts ont été pris lundi matin et en quelques heures c'était plié », explique une source syndicale.

Un avertissement très solennel

Les sept auteurs de l'adresse, dont les signatures sont classées par ordre alphabétique, signe de la volonté d'afficher leur unité, lancent un avertissement très solennel. « L'instabilité dans laquelle a basculé notre pays fait peser sur nous le risque d'une crise économique aux conséquences sociales dramatiques », déplorent-ils, soulignant que « d'ores et déjà en France, des projets d'investissement sont gelés, les intentions d'embauches sont révisées, les défaillances d'entreprises de toutes tailles se multiplient ».

« Dans le respect du fonctionnement de nos institutions et des choix des élus de la Nation, il est de notre devoir de vous alerter sur les risques réels qu'une instabilité génère », écrivent les leaders patronaux et syndicaux aux responsables politiques, soulignant « l'esprit de responsabilité qui [les] guide ». Ils appellent « à retrouver au plus vite le chemin de la stabilité, de la visibilité et de la sérénité » et pour cela à donner toute sa place au dialogue social. Pas de référence au mur de la dette ciblé par le patronat ou à ces aides aux entreprises sans condition fustigées par les syndicats. L'heure n'est pas aux sujets qui divisent mais à affirmer la contribution que les partenaires sociaux peuvent apporter face aux transformations de « notre société, confrontée à une situation budgétaire et des mutations sans précédent, qu'elles soient technologiques, géostratégiques, démographiques ou climatiques ».

« Faire primer l'intérêt général »

« La voie du paritarisme qui passe par le dialogue, la négociation collective et la construction de compromis est en capacité d'apporter des réponses concrètes », écrivent les dirigeants patronaux et syndicaux.Formellement, l'initiative de cette déclaration reviendrait au Medef, selon plusieurs sources. Mais « le sujet était dans l'air après la signature des trois accords négociés mi-novembre », souligne un leader syndical. Après la censure du gouvernement Barnier, chacune des organisations patronales avait réagi de son côté. Du côté des organisations de salariés, après quelques jours de réflexion, les cinq confédérations avaient publié une déclaration commune. Elles y appelaient « le chef de l'Etat et l'ensemble des acteurs à faire primer l'intérêt général » et à recentrer le débat sur les « nombreux sujets de préoccupations du quotidien ».