Depuis quelques années à Kandahar, ville du sud de l'Afghanistan où les températures dépassent allègrement les 40 degrés en été, il n'est pas rare de voir des taxis bleus se balader avec sur leurs toits --à la place des bagages et colis-- un cube de climatisation, dont le large bras en aluminium s'engouffre à travers une fenêtre.
"Ca marche mieux que la clim de la voiture, qui ne refroidit que le devant de la voiture", estime Abdul Bari, chauffeur de 34 ans. "Cette clim-là propage de l'air à travers le véhicule dans son entier".
Gul Mohammed, un autre chauffeur de 32 ans, a dépensé 3.000 afghanis (36 euros) pour ce système qu'il connecte à la batterie de son taxi et qu'il remplit régulièrement d'eau.
D'autres sont connectés à des panneaux solaires, également installés sur le toit.
"Il a commencé à faire extrêmement chaud il y a trois ou quatre ans. Comme la climatisation de la voiture ne marche pas et qu'il coûterait trop cher de la réparer, un fabriquant m'a fait un refroidisseur sur mesure", explique Gul Mohammad, qui ne facture pas plus cher la course depuis qu'elle se fait en toute fraîcheur.
L'Afghanistan, l'un des pays les plus pauvres au monde, est aussi l'un des plus vulnérables aux effets du changement climatique.
Le département météorologique afghan estime que 2025 est déjà l'une des années les plus chaudes jamais enregistrées dans le pays.
Murtaza, fabriquant de climatiseurs âgé de 21 ans, note que la demande des taxis s'accroît depuis deux ou trois ans et salue un "progrès".
"De nombreuses voitures n'étaient pas équipées de clim de toute façon, raison pour laquelle on installe celles-ci", dit-il à l'AFP, dans son petit magasin du centre de Kandahar.
Les villes afghanes sont souvent saturées par des véhicules vieillissants, qui s'offrent une dernière vie après avoir été transférés de pays voisins.
"Sans clim, c'est très difficile", témoigne Norullah, un passager de 19 ans, le visage à quelques centimètres de la sortie d'air froid. "Dans les taxis où elle a été installée (sur le toit), c'est vraiment bien (...) car la chaleur de nos jours est extrême."
En 2024, près de neuf millions d'Afghans ont été affectés par des aléas climatiques et plus de 500.000 ont été déplacés par des inondations, la sécheresse et d'autres catastrophes, d'après l'ONU.
Peu de logements sont équipés de climatiseurs en raison de leur coût et des pannes récurrentes d'électricité.