Le bâtiment avait été déclaré dangereux, ont-elles précisé à l'AFP. Cependant, des propriétaires et des habitants ont assuré n'avoir jamais reçu ces avis.

L'accident s'est produit vendredi peu après 10H00 (05H00 GMT) dans le quartier pauvre de Lyari, autrefois en proie à la violence des gangs et considéré comme l'un des endroits les plus dangereux du Pakistan.

Summiaya Syed, un médecin de la police affilié au département de santé régional, a communiqué samedi un nouveau bilan de 16 morts et 13 blessés.

"Nous ne voulons pas imposer nos ordres par la force. Nous travaillons par phases et envoyons (aux habitants) des avis leur disant de quitter le bâtiment. Ils n'ont pas pris les avis au sérieux", a certifié à l'AFP Javed Nabi Khoso, chef du district où s'est produit l'accident. Selon lui, les documents ont été distribués en 2022, 2023 et 2024.

"Vous pensez que nous sommes irresponsables au point de rester dans un bâtiment qui n'est pas sûr avec nos familles?", a réagi Imran Khaskheli, propriétaire et résident, niant avoir reçu ces papiers.

Il a expliqué avoir vu des fissures sur les piliers du bâtiment tôt vendredi, et enjoint aux familles -- 40 logeaient là selon lui -- de partir "immédiatement". Mais beaucoup n'ont pas écouté.

Abid Jalaluddin Shaikh, à la tête des équipes d'urgence déployées sur place, a indiqué à l'AFP que les recherches, qui s'étaient déjà poursuivies toute la nuit, allaient probablement continuer dans la soirée.

Des photos de l'AFP montrent l'immeuble complètement détruit, alors que secours et engins de chantier en fouillent les ruines.

Sur ces images, on peut voir des corps de victimes évacués sur des civières tandis que d'autres habitants tentent de récupérer leurs affaires parmi les débris.

"Ma fille est sous les décombres", a témoigné auprès de l'AFP Dev Raj, 54 ans. "Elle s'est mariée il y a seulement six mois".

- "L'immeuble craquait" -

"J'ai eu un appel de ma femme disant que l'immeuble craquait et je lui ai dit de sortir immédiatement", racontait vendredi Shankar Kamho, habitant âgé de 30 ans, qui était absent au moment du drame.

"Elle est allée prévenir les voisins mais une femme lui a dit: +Cet immeuble tiendra encore au moins dix ans.+ Malgré tout, ma femme a pris notre fille et est sortie. Vingt minutes après, l'immeuble s'écroulait."

Les six membres de la famille de Jumho Maheshwari, 70 ans, se trouvaient dans son appartement du rez-de-chaussée quand il est sorti pour aller au travail.

"Toute ma famille est ensevelie et tout ce que je peux faire c'est prier pour qu'elle soit retrouvée vivante", s'inquiétait-il vendredi.

Une autre résidente, Maya Sham Jee, expliquait que la famille de son frère était également sous les décombres: "Nous sommes impuissants, nous pouvons juste espérer que les secouristes nous ramènent nos proches en vie".

En juin 2020, au moins 18 personnes avaient perdu la vie lorsqu'un immeuble de 40 appartements s'était écroulé dans la même zone.

Les effondrements de toits et de bâtiments sont fréquents au Pakistan, un pays qui compte plus de 240 millions d'habitants, principalement en raison des normes de sécurité défaillantes et de la piètre qualité des matériaux de construction.

La ville de Karachi est particulièrement connue pour ses constructions en mauvais état, ses agrandissements illégaux, ses infrastructures vieillissantes, sa surpopulation et son application laxiste des réglementations en matière de BTP.