Stéphane Richard déambule, tout sourire, dans l'espace de démonstration des start-up. Il échange avec les jeunes entrepreneurs, pose des questions, ne tarit pas d'éloge sur leur créativité. Le patron d'Orange est à son aise pour présenter les entreprises qui ont intégré le nouveau programme d'accélération de start-up dans l'Hexagone : Orange Fab France. Cette première apparition publique depuis sa de l'opérateur historique par le conseil d'administration tombe à point nommé.

« Open Innovation »

L'évènement permet au dirigeant, dont le mandat doit encore confirmé par les actionnaires en assemblée générale, de rappeler sa vision de l'innovation au sein du groupe. « Orange veut devenir le premier opérateur de l'ère digitale, rappelle Stéphane Richard. Pour réussir, nous devons ouvrir notre entreprise et travailler en co-construction avec les grands acteurs du marché mais aussi avec les start-up. » L'initiative illustre la stratégie d'« open innovation » qui avait été présentée en novembre lors du show annuel de l'opérateur et qui consiste à multiplier les partenariats et à s'ouvrir davantage à l'extérieur, notamment d'un point de vue technique avec l'ouverture des API (interfaces de programmation) aux développeurs. « Il faut permettre la rencontre entre les innovateurs, les grandes entreprises, les universités... On a besoin d'attirer le maximum de talents et de les accompagner. »

156 dossiers déposés

Le programme Orange Fab France s'inspire directement de l'expérience réalisée en Californie. En un an, deux promotions de start-up sont déjà sorties de l'accélérateur installé à San Francisco. Fort de ce succès, le groupe a donc décidé de tenter l'expérience à domicile, avant de la dupliquer ensuite en Pologne, en Espagne et en Israël. Après avoir lancé un appel à candidatures en décembre, Orange et le responsable de l'accélérateur Pascal Latouche, ont sélectionné sept start-up parmi les 156 dossiers déposés. Celles-ci ont intégré le programme le 17 février pour une durée de trois mois. L'accompagnement se traduit par un apport financier, de 15.000 euros, sous la forme d'obligations convertibles. L'opérateur met également à disposition des espaces de travail dans ses propres locaux, en région parisienne, dont le Technocentre de Châtillon. Une cinquantaine de salariés du groupe mettent aussi leur expertise au service des jeunes entrepreneurs. Enfin, les start-up sélectionnées ont l'opportunité de tester leurs services auprès des nombreux clients d'Orange.

Un réseau social pour chiens

Les participants à Orange Fab France ne viennent pas pour démarrer leur business. Tous génèrent déjà un peu de chiffre d'affaires. « En travaillant avec Orange, on peut véritablement accélérer notre développement. Les portes s'ouvrent plus facilement. On est sur un vrai partenariat industriel, plus qu'une levée de fonds », témoigne Jean-Rémi Kouchakji, co-fondateur de mybee Events, qui développe des solutions de paiement sans contact pour les professionnels de l'événementiel (bracelets, mobiles...). VIDEO - Le projet mybee Events : Autre membre du programme : la société Octopepper, qui a lancé en 2012 Yummipets, un réseau social pour animaux domestiques qui revendique 200.000 membres actifs, a déjà levé 1 million d'euros auprès du fonds d'investissement Newfund. Mais elle compte bien profiter de l'expertise technique de l'opérateur télécoms pour l'aider à concevoir un collier connecté pour chiens et chats.Si le programme n'est pas conçu pour intégrer de nouvelles pépites dans le giron d'Orange, le groupe ne s'interdit pas, en cas de collaboration fructueuse, d'investir davantage dans le capital de ces start-up et d'intégrer ces innovations dans ses propres services. Iris Capital, le fonds bâti avec Publicis, pourrait faire office de relais de financement dans le futur.