Le texte, élaboré par Londres, Paris et Berlin associés à Washington, a été approuvé jeudi par 19 des 35 Etats membres du Conseil des gouverneurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), selon des sources diplomatiques interrogées par l'AFP.
La Russie, la Chine et le Burkina Faso ont voté contre, tandis que 12 pays se sont abstenus. Le Venezuela n'a pas pu participer.
Après le vote, le représentant de l'Iran a fustigé auprès de l'AFP un geste "politiquement motivé".
En conséquence, "le chef de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA) a donné l'ordre de (...) mettre en service une série de nouvelles centrifugeuses avancées et de différents types", ont indiqué vendredi dans un communiqué conjoint l'OIEA et le ministère iranien des Affaires étrangères.
"La coopération technique et en matière de garanties se poursuivra avec l'AIEA, comme dans le passé", conformément aux engagements pris par l'Iran, ont toutefois précisé les autorités iraniennes.
Les centrifugeuses sont des machines qui enrichissent l'uranium transformé en gaz, en le faisant tourner à très grande vitesse, permettant l'augmentation de la proportion de matière fissile isotope (U-235) pour différentes utilisations.
Les nouvelles mises en service par l'Iran permettront "d'augmenter considérablement la capacité d'enrichissement" d'uranium, a affirmé à la télévision d'Etat le porte-parole de l'Organisation atomique iranienne, Behrouz Kamalvandi.
- "Obligations légales" -
Les mesures de représailles "pourront être retirées" si l'AIEA fait marche arrière "ou si des négociations sont ouvertes", a déclaré à l'AFP à Téhéran le politologue Hadi Mohammadi.
"Ce n'est pas l'Iran qui est à l'origine de ce cycle de provocations", a-t-il ajouté.
Le texte validé jeudi à Vienne, dont la portée est symbolique à ce stade, rappelle l'Iran à ses "obligations légales", en vertu du Traité de non-prolifération (TNP) ratifié en 1970.
Les diplomates occidentaux ont dressé jeudi à Vienne un réquisitoire sévère contre l'Iran et dénoncé l'escalade de la République islamique, l'ambassadrice américaine, Laura Holgate, faisant état d'activités nucléaires "profondément troublantes".
Téhéran défend un droit au nucléaire à des fins civiles, notamment pour l'énergie, mais nie vouloir se doter d'une bombe atomique, ce que soupçonnent les pays occidentaux.
Le TNP fait obligation aux Etats signataires de déclarer et placer leurs matières nucléaires sous le contrôle de l'AIEA.
En 2015, l'Iran avait conclu à Vienne un accord avec la France, l'Allemagne, le Royaume-Uni, la Chine, la Russie et les Etats-Unis pour encadrer son programme nucléaire.
Le texte prévoyait en contrepartie un allègement des sanctions internationales contre Téhéran.
- "Bonne volonté" -
Mais en 2018, Donald Trump, alors président des Etats-Unis, avait retiré unilatéralement son pays de l'accord -- auquel se conformait Téhéran, selon l'AIEA -- et rétabli de lourdes sanctions à l'encontre de l'Iran.
En représailles, Téhéran a considérablement augmenté ses réserves de matières enrichies et porté le seuil à 60%, proche des 90% nécessaires pour fabriquer une arme atomique, en vertu de la définition de l'AIEA.
L'accord sur le nucléaire, désormais coquille vide que des négociations ont échoué à ranimer et qui arrivera à échéance en octobre 2025, plafonnait ce taux à 3,67%.Le vice-ministre iranien des Affaires étrangères chargé des questions juridiques, Kazem Gharibabadi, a averti jeudi soir à la télévision d'Etat que son pays "se retirerait du TNP" si les pays occidentaux décident de rétablir des sanctions internationales à l'encontre de l'Iran.
L'accord de 2015 prévoit une telle clause en cas de non-respect par Téhéran de ses engagements sur le nucléaire.
L'Iran a fortement restreint depuis 2021 sa coopération avec le gendarme onusien du nucléaire, débranchant des caméras de surveillance et retirant l'accréditation d'inspecteurs expérimentés.
Le président iranien, Massoud Pezeshkian, au pouvoir depuis juillet et partisan d'un dialogue avec les pays occidentaux, a affirmé vouloir lever "doutes et ambiguïtés" sur le programme nucléaire de son pays.
L'Iran estime ainsi avoir fait preuve de "bonne volonté" en invitant la semaine dernière le chef de l'AIEA, Rafael Grossi, à se rendre sur les sites nucléaires de Natanz et Fordo (centre).