Pour former un gouvernement qui dure "plus de 36 heures (...) il faudra donner la paix aux morts avant de l'insuffler aux vivants !", lance-t-il ainsi dans une formule cryptique qui aurait de quoi faire méditer le Premier ministre fraîchement renommé, Sébastien Lecornu. 

L'ex-candidat à la présidentielle (en 2017 et 2022) et ancien député MoDem des Pyrénées-Atlantiques pendant 20 ans a donné jeudi dernier la première représentation de son one-man-show "Jean dans la salle - Mes anecdotes d'une vie", devant 500 spectateurs au théâtre de la Tour Eiffel, dans le 7ème arrondissement de Paris.

"J'espère montrer au fond ce qu'il reste de cet homme-là", explique-t-il à l'AFP. Ancien ami proche du précédent locataire de Matignon, François Bayrou, il est connu notamment pour avoir mené en 2006 une grève de la faim de 39 jours dans la salle des Quatre colonnes de l'Assemblée nationale pour protester contre la délocalisation d'une usine dans sa vallée d'Aspe natale.

Pendant plus d'une heure, l'homme à la stature haute, le cheveu en brosse et les "R" qui roulent comme des cailloux, dévoile en chemise blanche et cravate rouge un autre volet de lui-même. 

Sa naissance - "Maman, elle a mis neuf jours à me faire naître !" - son envie de devenir maire à 6 ans de Lourdios-Ichère, son village entre Béarn et Pays Basque (il sera élu à 21 ans). 

Ou encore le jour où il a dû repasser son permis de conduire - pour cela, il avait en 2015 expliqué à l'Assemblée avoir dû valider trois fois des "tests psychotechniques" devant un Emmanuel Macron, alors ministre de l'Économie, hilare.

"Il faut que je calme ma pression artérielle", sourit dès les premières minutes Jean Lassalle, devant un public qui se montre assez bon client de ses anecdotes. Comme Philippe Noël, 57 ans, jardinier en Seine-et-Marne, arborant un T-shirt bleu "Jean Lassalle, Président".

"Secrètement, ça serait un vœu", confie-t-il à l'AFP. Car les spectateurs sont aussi ses anciens électeurs.

Mais "vu ce qu'il a dit sur ses problèmes de santé" - quatre opérations du cœur subies en 2022 - Philippe Noël dit avoir "un gros doute" sur un retour de ce personnage "truculent qui nous manque à l'heure actuelle".

- "Le temps de tout imaginer" -

"Je ne m'interdis rien (...), j'ai le temps de tout imaginer", répond Jean Lassalle. 

Pour l'heure, après avoir passé la plupart de sa vie à "défendre la veuve et l'orphelin", dirigé Lourdios-Ichère pendant plus de 40 ans et essuyé deux défaites aux législatives (en 2022 et 2024), ce fils de berger et père de quatre enfants n'aspire à 70 ans qu'à donner le meilleur de lui-même, selon ses co-producteurs, Philippe Barreau et Magda Hadnagy.

"Jean, ça pourrait être ton papy, ton papa, ton tonton. T'es tout de suite bien avec lui. Et moi c'est vraiment le côté humain de ce monsieur que j'ai beaucoup aimé", confie à l'AFP Philippe Barreau sur les raisons qui l'ont poussé à convaincre Jean Lassalle de faire ce seul en scène. Un peu comme l'ancien garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti, avant lui.

"Quand on s'est rencontré, je lui ai dit +tu n'es pas un clown, un humoriste, tu es là pour raconter tes anecdotes+", et "on a lâché le fauve", complète Magda Hadnagy, qui a construit le one-man-show "autour" de Jean Lassalle sur les effets sonores, la lumière, la chronologie des anecdotes, "pour que tout ait un sens".

Et aux yeux de Liza, spectatrice de 21 ans, ça marche. Même "s'il se trompait parfois" dans sa narration, "c'est ce qui fait le charme du spectacle", juge l'étudiante dans les métiers de l'information et de la communication à Paris, originaire de Clisson (Nantes). 

"Il l'avait vraiment vendu en mode +comme si on buvait tous ensemble+, et je voulais vivre ce moment", conclut-elle. 

Jean Lassalle doit donner 12 représentations à Paris, avant une tournée dans toute la France, en 2026.