Et le gagnant est... le streaming. Selon l'organisation qui représente les producteurs de disques au niveau international (Ifpi), les revenus de l'industrie musicale mondiale issus des offres de musique par abonnement, principalement payantes, ont fait l'an dernier un bond de 51 %, pour dépasser pour la première fois la barre du milliard de dollars. A lui seul, le streaming, popularisé par des offres comme Spotify ou Deezer dans l'Hexagone (il existe 450 services dans le monde, selon le comptage effectué par l'Ifpi), pèse 27 % des revenus des producteurs de disques, un poids qui a doublé en deux ans. Et le nombre d'abonnés a quasiment quadruplé depuis 2010, pour atteindre 28 millions en 2013.
« Le streaming et les offres par abonnement prospèrent », s'est félicitée Frances Moore, directrice générale de l'Ifpi. Ce boom du streaming intervient alors que le téléchargement, sur lequel misait l'industrie au début des années 2000, donne des signes d'essoufflement. Au niveau mondial, il a baissé pour la première fois l'an dernier (- 2,1 %). Mais ce constat doit être nuancé. Ce sont surtout les singles qui souffrent : les téléchargements d'album restent bien orientés, en France notamment.
Déclin du Japon
Au niveau mondial, le numérique, qui a progressé de 4,3 % l'année dernière, représente aujourd'hui 39 % du marché. Dans plusieurs pays, comme les Etats-Unis pour ne citer que le principal, la barre des 50 % a été franchie il y a longtemps. La hausse du numérique est impressionnante dans certains pays émergents, portée par le boom des offres sur mobiles. Selon l'Ifpi, elle atteint 69 % en Argentine ou encore 107 % en Afrique du Sud. Deux raisons à cette envolée : le marché partait de rien, et le réseau physique reste faible, dans des pays où le piratage de CD a longtemps été la norme.En Europe, les ventes de musique se sont stabilisées pour la première fois depuis 2001, le numérique permettant enfin de renverser la vapeur en compensant la chute du physique. Dans les pays scandinaves, la transition vers le numérique est plus qu'enclenchée : il constitue un véritable relais de croissance pour l'industrie musicale. En Suède, pays de naissance de Spotify, près d'un internaute sur deux est abonné à une offre. L'exemple suédois fait rêver les producteurs : grâce au streaming, qui représente 94 % du segment du numérique, le marché global de la musique a progressé d'un tiers en six ans, après avoir touché un point bas en 2008. Au niveau mondial, le marché de la musique enregistrée s'est stabilisé à 15 milliards de dollars. Il a été divisé par deux depuis 2002, mais semble avoir atteint aujourd'hui son plancher. Il a encore affiché une baisse de 3,9 % l'an dernier, mais elle s'explique exclusivement par l'effondrement du Japon (- 16,7 %), deuxième marché mondial. Le CD y est encore le produit de référence, et les offres de streaming comme le téléchargement en sont encore à leurs balbutiements. Autre pays qui devrait tirer la croissance à terme : la Chine. Classée 21e pays pour la musique enregistrée par l'Ifpi, malgré ses 618 millions d'internautes, la Chine se met peu à peu à la musique légale, alors qu'elle a depuis toujours été, dans le physique comme dans le numérique, le paradis d'un piratage institutionnalisé et industrialisé. Aujourd'hui, l'Ifpi estime que 3 % du marché de la musique (4,9 milliards de dollars) est légal en Chine, ce qui laisse imaginer d'intéressantes perspectives.