La colère des agriculteurs, à l'oeuvre depuis la mi-janvier, est le symptôme d'une crise latente depuis plusieurs années. Elle illustre aussi les défis immenses que la filière devra relever dans le futur pour nourrir davantage de bouches, tout en réduisant ses émissions de gaz à effet de serre.

Agrilife Studio espère participer à cet effort. Et il n'a pas attendu l'explosion soudaine de la crise sociale pour plancher sur le sujet. Agrilife est en gestation depuis deux ans et vient de boucler un tour de table de 25 millions d'euros pour mettre sur orbite des pépites de l'agritech. Parmi ses investisseurs, on retrouve le fonds French Tech Accélération II de France 2030, Crédit Mutuel Alliance Fédérale et Crédit Mutuel Arkéa. Priscilla Rozé-Pagès et Antoine Coutant, les dirigeants d'Agrilife studio, ont aussi mis la main à la poche.

Le projet est né du constat que l'agritech, une filière qui compte des start-up établies comme Innovafeed ou Agriconomie, ne disposait pas de start-up studio. Agrilife veut combler ce vide en soutenant des jeunes pousses dans plusieurs verticales (biotechnologies, robotique, technologies de l'information, etc.) mais avec un fort impact.

« Il faut trouver des solutions aux problèmes des agriculteurs par l'innovation », observe Antoine Coutant, qui a revendu sa start-up Agrauxine au groupe Lesaffre. Le terreau est fertile. « Nous avons de grands établissements en France, comme l'Inrae, AgroParisTech ou le Genopole », poursuit-il. Agrilife a déjà exploré une quarantaine de dossiers, puis affiné ses recherches, avec cinq projets qui tiennent la corde et pourraient donner naissance aux premières start-up. Agrilife sera actionnaire à hauteur d'environ 30 % et les fondateurs seront majoritaires.En France, le modèle du start-up studio a été popularisé par Hexa, créé en 2011 et qui a levé 20 millions en 2023. Après l'avenir du travail, la fintech, le Web3 et l'IA, le start-up studio de Thibaud Elzière et Quentin Nickmans vient de lancer une structure spécialisée dans la santé pilotée par Julien Méraud, un ancien pilier de Doctolib. L'objectif est de créer trois à quatre sociétés par an.

« Nous voulons lancer des offres et des parcours de soins innovants pour les patients », précise son dirigeant. « La santé, c'est 12 % du PIB. Mais c'est un marché régulé et qui est fragmenté par pays. » De son côté, le fonds Quantonation a fondé un start-up studio consacré aux technologies quantiques au Canada (Sherbrooke) et pourrait en créer d'autres.

Verticalisation

Le point commun de ces start-up studio ? Ils sont verticalisés. « C'est fondamental », estime Renan Devillieres, qui a créé OSS Ventures, un start-up studio qui développe des logiciels pour l'industrie. A ses yeux, ce schéma allie le meilleur des deux mondes. « Le start-up studio , c'est l'hybridation du capital et de l'opérationnel », résume-t-il. Au total, 19 sociétés ont été accompagnées par OSS Ventures depuis sa création - et quatre ont capoté.

L'un des objectifs de la structure est de les aider à atteindre 500.000 euros de revenus en neuf mois. En parallèle, OSS Ventures a créé un véhicule pour réinjecter de l'argent dans les start-up de son portefeuille, voire investir dans d'autres projets. Le modèle est sur de bons rails. « Nous venons de faire notre première sortie », se réjouit Renan Devillieres. Niagara Tech, une start-up fondée en son sein, a été rachetée par l'américain Full Speed Automation.