Vêtu d'un simple polo pour sa première conférence de presse officielle, Satya Nadella, qui a succédé début février à Steve Ballmer à la tête de Microsoft a choisi de rompre avec l'héritage de son prédécesseur. Principale annonce : Office, la suite d'outils bureautiques du premier éditeur mondial de logiciels qui comprend notamment Word, Excel et Powerpoint, débarque sur les iPad d'Apple. « Il ne s'agit pas pour moi de décrire aujourd'hui toute la stratégie de Microsoft, mais d'aborder l'un de ses aspects les plus critiques. Dans quinze jours, je reviendrai pour parler de Windows », a lancé depuis San Francisco Satya Nadella. A tous les sceptiques qui considéraient au moment de sa nomination que ce vétéran du groupe serait incapable d'apporter un regard neuf et de briser certains tabous, Satya Nadella, a donc tenu à apporter un sérieux démenti.De fait, la déclinaison d'Office sur la tablette d'Apple était en discussion depuis des mois. Mais, sous Steve Ballmer, la stratégie avait toujours consisté à lier au maximum les logiciels au système d'exploitation maison, gros générateur de cash, à savoir Windows.
Nouvelle configuration
Problème : la percée des smartphones et surtout des tablettes qui remplacent peu à peu les PC change la donne. Ces mobiles tournent essentiellement sous Android, le système d'exploitation de Google, ou iOS, la solution d'Apple. Contrairement au PC, où Windows reste archidominant, Microsoft n'a pas réussi à imposer son système d'exploitation sur les appareils nomades. Globalement, Windows n'équipe plus que 14 % des appareils électroniques (PC, tablettes et smartphones), contre 38 % pour Android, selon Gartner. Et l'écart va continuer de se creuser. D'ici à deux ans, il devrait réussir à maintenir sa part, quand Android est programmé pour poursuivre sa percée et atteindre une part de marché de 51 % en 2015.Face à cette nouvelle configuration, beaucoup d'analystes suppliaient Microsoft de changer son fusil d'épaule, en se désintoxiquant de Windows, vache à lait historique du groupe qui a généré 22 % du chiffre d'affaires en 2013. C'est donc un nouveau modèle économique que Microsoft doit construire. Plutôt que de miser sur son système d'exploitation appelé à perdre de sa valeur - Google fait cadeau d'Android mais se rattrape sur la publicité ou les ventes de produits - Microsoft doit plutôt remonter dans la chaîne de valeur et se concentrer sur les logiciels. C'est d'ailleurs le discours qu'a tenu Satya Nadella. « Il y a 1 milliard d'utilisateurs d'Office dans le monde. Nous voulons les servir au mieux, et le transfert de Word, Powerpoint et Excel sur iPad fait partie de cette stratégie », a déclaré le PDG.Objectif de la société : faire adopter sur tous les appareils mobiles (tablettes mais aussi smartphones) Office 365, la déclinaison cloud de sa suite bureautique. Reste à connaître le nouveau modèle économique et savoir combien il est en mesure de rapporter au géant du logiciel.