Avant d'être une source d'économies, la réforme territoriale marque notre volonté de réformer en profondeur le pays au-delà des conservatismes de droite et de gauche. Nous allons enfin faire bouger la carte administrative de la France. Par ailleurs, la réforme du « millefeuille » est un sujet qui crédibilise, notamment auprès de nos partenaires européens, les 50 milliards d'économies que nous nous engageons à réaliser d'ici à 2017, même si elle n'en constitue qu'une petite partie. D'ici à 2017, nous baissons déjà le concours de l'Etat aux collectivités locales de 11 milliards d'euros, dont 3,7 milliards dès 2015. C'est sans précédent. Mais si cela se transformait en hausse des impôts locaux ou en endettement supplémentaire des collectivités, nous n'aurions rien gagné collectivement. Voilà pourquoi la baisse des dotations doit s'accompagner de réformes structurelles. Sans attendre les effets des fusions de régions et, au-delà de 2017, de la disparition des départements, la réforme territoriale produira deux sources d'économies dès l'an prochain. Via la fin de la clause de compétence générale qui ne laissera plus la possibilité aux collectivités d'engager des dépenses en tout domaine. Et, surtout, via un fonctionnement plus rationnel et plus efficace des intercommunalités. Ce n'est pas un objectif en soi, mais ce sera sans doute à terme une conséquence de la réforme. Nous n'allons pas diminuer par exemple le personnel dans les cantines des écoles, des collèges et des lycées, mais nous pourrons mutualiser les services qui les administrent. Cela sera facilité par les nombreux départs en retraite à venir dans la fonction publique territoriale, un secteur où les effectifs ont beaucoup augmenté depuis vingt ans. Nous pourrons donc réduire les effectifs sans réduire la qualité de service. La réforme territoriale va permettre une plus grande efficacité de la dépense publique. Passer de 22 à 14 régions, c'est, au contraire, faire preuve de beaucoup de volonté. Le président n'a pas cédé, il a agi. Argenton-sur-Creuse est situé pile au centre de l'ensemble (rires). Plus sérieusement, ce sont trois régions rurales, sans grande métropole, où il y a un tissu local à animer : c'est la cohérence de leur regroupement.Si la Commission doutait fortement de nos objectifs, elle nous aurait sanctionnés. Elle ne l'a pas fait car elle comprend la logique de notre pacte de responsabilité et de solidarité. Comme nos partenaires, elle mesure notre détermination et nous demande maintenant de passer à l'acte. Elle a raison ! C'est ce que nous allons faire dès la semaine prochaine. Le 3 % est une résultante de cette politique, qui soutient la compétitivité, la croissance et l'emploi, pas un objectif en soi, même s'il faut s'y tenir car c'est le seuil nécessaire pour commencer à faire baisser notre dette. La clef aujourd'hui, c'est de sortir du climat d'attentisme des acteurs économiques. Pour cela, il est décisif de mettre en oeuvre rapidement le pacte. Il faut qu'il y ait un véritable déclic pour atteindre notre objectif de 1 % de croissance cette année. Le collectif budgétaire et le collectif social seront respectivement présentés les 11 et 18 juin en Conseil des ministres et adoptés définitivement d'ici à fin juillet. Ils comprendront les mesures du pacte applicables dès 2014 et en 2015, ce qui donnera aux entreprises de la visibilité sans attendre le 31 décembre. La « C3S » sera abaissée de 1 milliard dès 2015, les charges sur les bas salaires réduites de 4,5 milliards et celles sur les travailleurs indépendants de 1 milliard. Et nous nous sommes engagés sur une trajectoire de baisses d'impôt et de charges dans le cadre du pacte jusqu'en 2017. Aux entreprises maintenant de prendre leurs responsabilités ! Côté ménages, la baisse des prélèvements atteindra 3,5 milliards : 2,5 milliards d'allégements de cotisations salariales et 1 milliard de réduction d'impôt sur le revenu. La majorité nous envoie plusieurs messages. D'abord que nous ne pouvons pas nous contenter d'une politique de l'offre, qu'il faut aussi soutenir le pouvoir d'achat et la demande notamment des plus modestes. C'est ce que nous faisons. Si l'on tient compte de la prolongation d'un an de la surtaxe d'impôt sur les sociétés, les baisses d'impôt seront presque équilibrées entre les entreprises et les ménages en 2015. Le débat parlementaire va aussi nous aider : les élus pourront lisser l'entrée dans la taxe d'habitation et alléger les charges sur les emplois à domicile, à condition de gager ces mesures. Le deuxième message, c'est que les mesures en faveur des entreprises doivent être d'abord destinées aux plus petites d'entre elles, ce dont nous prenons acte en baissant les charges des indépendants et en calibrant la baisse de la « C3S » pour qu'elle profite davantage aux PME et aux ETI. C'est le troisième message. Nous avons déjà décidé de ne pas geler les retraites de base lorsque le niveau de la retraite est inférieur à 1.200 euros. J'entends aussi les réserves des députés sur le gel des pensions invalidité et accident du travail : des évolutions sont possibles. Je ne vois aucune raison d'utiliser cet instrument coercitif et je crois que personne n'en a envie dans la majorité. Nous avons déjà fait beaucoup en la matière, et le sujet continue d'avancer au niveau européen et de l'OCDE. La France joue un rôle moteur, mais je suis ouvert à toute nouvelle proposition.Outre les moindres dépenses de Sécurité sociale constatées, 1,6 milliard d'euros de crédits des ministères vont être annulés, ce qui est un effort inédit en cours d'année. Le plan de 50 milliards est au coeur de nos préoccupations. Je le dis sans détour : il n'y a pas d'échappatoire. Cela a encore été réaffirmé fortement hier lors d'un Conseil stratégique de la dépense publique réuni à l'Elysée. 2015 sera pour cela une année cruciale avec pas moins de 21 milliards d'économies, dont 8 milliards rien que sur l'Etat. Avec Christian Eckert, nous avons commencé à rencontrer les ministres. Tous doivent être mobilisés vers cet objectif d'économies. La loi de programmation militaire prévoit déjà un effort important. Le président de la République a réaffirmé les engagements financiers globaux. Mais les militaires sont aussi les premiers à reconnaître que des économies de gestion sont encore possibles. Oui. Les dépenses vont baisser de l'ordre de 1 milliard d'euros en valeur. C'est un effort considérable. Les opérateurs de l'Etat, dont les dépenses ont été galopantes ces dernières années, vont également être mis à contribution. Tout le monde doit faire des efforts, y compris les CCI et Action Logement. La mauvaise dépense, c'est toujours chez le voisin. A un moment donné, on doit agir. Les arbitrages ne sont pas encore rendus. Ma préoccupation est que tout nouveau dispositif soit stable, accepté et évite les impasses de l'an dernier. Et bien sûr qu'il réalimente l'Agence de financement des infrastructures de transport de France (Afitf). La difficulté, c'est que, de toute façon, le rendement sera moindre.