Les indicateurs n'ont pas tous été dans le rouge en 2023. Malgré la crise de financement qui touche la tech depuis deux ans partout dans le monde, le marché de l'emploi a bien résisté en France. D'après le baromètre annuel du syndicat Numeum, basé sur un échantillon de plus de 10.000 start-up, près de 36.000 emplois ont été créés par l'écosystème français en 2023, soit une hausse de 9,4 % par rapport à l'année précédente. « C'est une croissance supérieure à ce qu'on attendait, confie Guillaume Buffet, administrateur chez Numeum, et elle est quasi identique à celle des éditeurs de logiciels qui ont fait +10 % sur un an. »

L'année 2023 a pourtant été marquée par des vagues de plans de départ et de plans de sauvegarde de l'emploi dans la French Tech, comme chez Payfit, Meero, Back Market ou encore Ledger. Mais dans des proportions moindres comparées aux Etats-Unis, où le droit des salariés est moins protecteur.

Cette hausse est en revanche moins importante qu'en 2022 (+15 %) et 2021 (+14 %), deux années exceptionnelles où les financements ont afflué et ont été convertis en embauches un peu trop massives. La French Tech a connu vingt mois consécutifs de croissance (de mars 2021 à novembre 2022) en termes de créations d'emplois jusqu'à une première inflexion en décembre 2022 (800 emplois supprimés).

Pas d'emplois en avril et juin

Dans le détail, 83 % des créations d'emplois ont eu lieu au premier semestre avec un pic en mai et juin. « Ce n'est pas lié à une poignée d'entreprises, c'est bien un phénomène général », indique Guillaume Buffet, qui ne trouve en revanche pas d'explications précises. « C ela démontre l'ancrage des start-up dans l'économie française et qu'elles ne recrutent pas uniquement quand elles lèvent des fonds. Ce sont des signaux positifs pour le moyen et long terme », ajoute-t-il.Durant les six premiers mois de l'année, 20.700 emplois nets ont été créés, soit une moyenne de 3.500 par mois, alors qu'au deuxième semestre ce chiffre s'élevait à seulement 4.200 (soit 700 créations mensuelles). Au contraire, les start-up françaises n'ont pas généré d'emplois en avril et août 2023, supprimant respectivement 3.400 et 550 postes.Sans grande surprise, l'Ile-de-France est la région qui a enregistré le plus de créations d'emplois l'année dernière, avec 58 % du total national. Rappelons que près de la moitié des jeunes pousses françaises sont basées dans la région francilienne. L'Auvergne-Rhône-Alpes arrive deuxième avec plus de 2.000 emplois créés en 2023 (soit 8 % du total), suivie de la Nouvelle-Aquitaine avec plus de 1.500 emplois créés.

La greentech encore numéro 1

Pas de surprise non plus sur les secteurs créateurs d'emplois. Comme en 2022, c'est la greentech qui arrive en haut du podium. Les start-up qui oeuvrent pour la transition environnementale ont contribué à hauteur de 20 % à la création nette d'emplois (4.900 au total) dans la French Tech. C'est huit points de plus que l'année précédente. Ce segment, aussi baptisé « cleantech », a été le plus financé en France avec 2,7 milliards d'euros, devant les logiciels (2,1 milliards d'euros), qui a longtemps été le moteur de la French Tech. Plusieurs gros tours de table ont eu lieu à l'image de Verkor, dans les batteries électriques (850 millions d'euros levés) et Ynsect dans les protéines d'insectes (160 millions). Des entreprises qui ont besoin de main-d'oeuvre à la fois dans les bureaux mais aussi dans les entrepôts. Les jeunes générations sont aussi de plus en plus attirées par ces sociétés en phase avec leurs idéologies.

Derrière la greentech, arrive la fintech, et ce malgré la chute des financements (- 68 %). Les start-up de la finance ont généré 2.900 emplois (12 % du total). Vient ensuite la mobilité avec 2.700 emplois créés. A eux trois, ces secteurs ont généré plus de 10.500 postes en 2023, soit 43 % du total national.

Difficile de prédire ce qui se passera en 2024. En janvier, 1.200 créations d'emplois ont été enregistrées. « On est plutôt sur la tendance 'flat' du deuxième semestre », observe Guillaume Buffet.