Le groupe Global Ikhwan Services and Business (GISB), lié à la secte islamique interdite Al-Arqam, a des activités non seulement dans le pays d'Asie du Sud-Est mais aussi dans quelque 20 pays, dont l'Australie, la Chine, le Royaume-Uni et la France.

L'affaire a émergé en septembre quand la police a placé sous sa protection plus de 400 jeunes, issus de foyers gérés par le conglomérat, déclenchant un choc dans ce pays à majorité musulmane.

Au moins 13 jeunes de moins de 17 ans ont été soumis à des atteintes sexuelles, selon le chef de la police malaisienne Razarudin Husain, dans des foyers décrits par les médias locaux comme des "maisons de l'horreur".

GISB gérait un réseau d'une centaine de ces foyers hébergeant des enfants dont certains d'à peine un an.

Le conglomérat "exploitait les croyances religieuses". "De nombreux cultes fonctionnent de la sorte (...) C'est une forme d'ingénierie sociale", a décrit à l'AFP Munira Mustafa, directrice exécutive de la société de conseil en sécurité Chasseur Group à Kuala Lumpur, la capitale malaisienne.

Au total, 625 enfants ont été placés sous la protection des autorités, et 415 personnes arrêtées dans des descentes de police qui ont paralysé les activités du groupe dans tout le pays.

Le directeur général de la société, Nasiruddin Ali, a été inculpé mercredi avec sa femme Azura Yusof et 20 cadres pour appartenance à un groupe criminel organisé. 

Plusieurs autres personnes sont accusées dans cette affaire, notamment de maltraitance d'enfants. 

Les autorités ont saisi des actifs et gelé des comptes bancaires liés à GISB pour une valeur de près de 4,6 millions de dollars. 23 propriétés d'une valeur de 12,11 millions de dollars réparties dans 10 pays font l'objet de vérifications. 

D'autres enquêtes ont été ouvertes en Malaisie pour blanchiment d'argent présumé, enseignements religieux déviants et endoctrinement, selon la police.

La GISB a dans un premier temps nié les accusations prononcées à son égard, puis son directeur M. Nasiruddin, a reconnu par la suite "un ou deux cas" de violences sexuelles dans les foyers, tout en niant un problème de grande ampleur.

- Liens avec une secte interdite -

Le GISB a bâti un réseau d'entreprises dans 20 pays, allant de supermarchés à des restaurants ou à des agences de voyage, en ciblant une clientèle musulmane.

Avant le scandale, le conglomérat revendiquait des actifs d'une valeur totale de 75,6 millions de dollars, à l'issue de 14 ans d'existence, selon son site internet. 

GISB a longtemps entretenu des liens avec la secte Al-Arqam, fondée par Ashaari Muhammad et interdite par les autorités malaisiennes en 1994 en raison de ses enseignements considérés comme déviants. 

En 2011, le groupe avait créé la controverse en créant un "Club des épouses obéissantes", appelant les femmes à se comporter comme des "putes au lit" pour ne pas être délaissées par leurs maris.

En octobre, le ministre de l'Intérieur malaisien, Saifuddin Nasution Ismail, a souligné devant le Parlement que le groupe se livrait "toujours" à des pratiques interdites.

Les enfants placés dans les foyers étaient sanctionnés par des punitions physiques sévères, par exemple "s'ils ne faisaient pas la queue correctement en attendant leur nourriture", selon le ministre.

Le ministre des Affaires religieuses, Mohd Na'im Mokhtar, a dénoncé de son côté le culte mis en place autour des fondateurs de la secte.

Les membres cherchaient "à obtenir des bénédictions", grâce notamment "à l'eau utilisée pour le lavage des mains, des mouchoirs et des vêtements des dirigeants", a déclaré M. Na'im au Parlement.

Les adeptes, s'ils quittaient le groupe, n'étaient pas autorisés à rencontrer les membres de leur famille, selon ce responsable. 

"On demandait aux adeptes de se sacrifier et de travailler dans des conditions difficiles sans être payés pour le bénéfice de la GISB, tandis que les dirigeants vivaient dans le luxe" aux frais de l'organisation, a dénoncé M. Na'im. 

La police enquête aussi sur GISB pour endoctrinement présumé, à la suite d'informations sur des enfants exposés à des vidéos extrémistes.