Une proposition sera soumise au Parlement lundi prochain, a indiqué la ministre de l'Intérieur Yvette Cooper, dénonçant une "longue histoire de dégradations volontaires inacceptables" visant notamment des groupes d'armement depuis 2020.

Des centaines de personnes se sont réunies à la mi-journée dans le centre de Londres pour dénoncer cette décision, qui était attendue, et des affrontements ont éclaté entre les manifestants et la police, qui a annoncé avoir arrêté 13 personnes.

Vendredi, plusieurs militants de Palestine Action avaient fait irruption sur la base de Brize Norton, la plus importante de l'armée de l'air britannique au Royaume-Uni, et aspergé des avions de peinture rouge.

Le Premier ministre Keir Starmer a dénoncé un "acte de vandalisme (...) scandaleux", terme repris lundi par sa ministre de l'Intérieur qui a accusé le groupe d'avoir durci ses actions "depuis début 2024", avec des méthodes plus "agressives" et une "volonté de recourir à la violence".

"L'industrie de la défense britannique est vitale pour la sécurité nationale du pays, et le gouvernement ne tolérera pas ceux qui la mettent en danger", a affirmé Yvette Cooper dans une déclaration écrite.

Palestine Action a condamné ce projet d'interdiction en dénonçant une atteinte à la liberté d'expression, et annoncé qu'il le contesterait en justice.

"Le véritable crime ici n'est pas la peinture rouge pulvérisée sur ces avions militaires, ce sont les crimes de guerre rendus possible par ces avions, du fait d'une complicité du gouvernement britannique dans le génocide commis par Israël", a fustigé l'organisation dans un communiqué.

Joe Dawson, publicitaire de 45 ans rencontré par l'AFP au rassemblement de soutien, a dénoncé une "atteinte à la liberté d'expression", estimant que les actions du groupe pouvaient certes causer "des dommages criminels, mais qu'il ne s'agit pas de terrorisme".

- Dégradations d'un golf de Trump -

Si l'interdiction de Palestine Action est votée, toute personne appartenant ou soutenant le groupe sera passible de poursuites pénales, et risquera jusqu'à 14 ans de prison.

Le groupe rejoindrait alors une liste de 81 organisations interdites au Royaume-Uni, dont le mouvement islamiste palestinien Hamas, Al-Qaïda ou le groupe paramilitaire russe Wagner.

Yvette Cooper a accusé Palestine Action d'avoir orchestré une "campagne nationale d'actions criminelles directes contre des entreprises et des institutions, dont les principales entreprises nationales d'infrastructures et de défense".

Elle cite notamment une action contre un site du groupe de défense français Thales à Glasgow en 2022 et une autre contre l'entreprise d'armement israélienne Elbit Systems à Bristol l'an dernier.

En mars 2025, des membres du groupe s'en étaient pris à un golf appartenant au président américain Donald Trump dans le sud-ouest de l'Écosse, écrivant notamment "GAZA IS NOT 4 SALE" ("Gaza n'est pas à vendre") en lettres majuscules sur le gazon.

Créé par les militants Huda Ammori et Richard Barnard, Palestine Action se présente sur son site internet comme un groupe d'action directe "engagé pour mettre fin aux soutiens mondiaux au régime génocidaire et d'apartheid d'Israël".

Il dit cibler les entreprises israéliennes de défense et celles d'autres pays engagées avec l'armée israélienne.

"Interdire Palestine Action serait une grave erreur (...) et marquerait un tournant sombre pour notre démocratie", a dénoncé Greenpeace UK, soulignant que le groupe ne prônait pas "l'action armée violente" à l'instar des autres groupes classés terroristes.

Richard Barnard, l'un des deux cofondateurs, est actuellement poursuivi pour soutien au Hamas.

"De nombreux" autres membres du groupe sont dans l'attente de leur procès, a indiqué dimanche le chef de la Metropolitan Police, Mark Rowley.

Il avait annoncé avoir "présenté au gouvernement les bases opérationnelles sur lesquelles envisager l'interdiction" de Palestine Action, qu'il présentait comme "un groupe criminel organisé et extrémiste".