Dans son examen semestriel de la stabilité financière, la BCE exprime des préoccupations concernant le retour potentiel des inquiétudes du marché sur la soutenabilité de la dette souveraine, sans pour autant établir une comparaison avec la crise de la zone euro d'il y a dix ans.
Depuis la dernière édition du rapport en mai, "les résultats des élections au niveau européen et national, notamment en France, ont ravivé les inquiétudes concernant la soutenabilité de la dette souveraine" et "ont accru l'incertitude politique dans l'UE", note l'institution.
Ces incertitudes politiques ont élargi les écarts de rendements pour certains pays de la zone euro à forte dette.
Le taux de l'emprunt allemand sur 10 ans, référence en Europe, s'établit cette semaine à 2,34%, contre 3,07% pour son équivalent français.
La BCE s'inquiète du fait que les niveaux élevés de la dette souveraine dans plusieurs pays de la zone euro limitent l'espace politique des gouvernements pour répondre aux chocs économiques, ce qui s'observe actuellement en France.
Aussi, cette combinaison de faible croissance et de dette publique élevée pourrait rendre plus difficile pour les gouvernements de financer des besoins accrus en matière de défense ou d'investissements pour lutter contre le changement climatique, ainsi que d'accroître le potentiel de croissance des économies.
Globalement, "le risque d'événements extrêmes reste élevé en raison du passage des inquiétudes concernant l'inflation vers des préoccupations sur la croissance dans la zone euro", note le rapport.
En particulier, une escalade des tensions au Moyen-Orient et en Ukraine, ainsi qu'une "montée des tensions commerciales", redoutée avec le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, pourrait affaiblir les conditions macro-économiques et affecter aussi le secteur financier exposé à ces risques.
La situation actuelle sur les marchés n'aurait toutefois rien à voir avec les spéculations sur l'implosion de la zone euro il y a plus de dix en pleine crise de la dette.
"Les marchés sont (aujourd'hui) pleinement convaincus, et ils ont raison à cet égard, que le risque de redénomination (soit une sortie de l'euro) dans la zone euro ne se produira pas et que l'euro ne va pas s'effondrer", a affirmé le vice-président de la Banque centrale européenne, Luis de Guindos, lors d'une conférence téléphonique.