Erik et Lyle Menendez, actuellement emprisonnés sous le régime de la perpétuité incompressible, "ne savaient jamais, le soir venu, s'ils seraient violés par leur père" dans la nuit, a expliqué leur tante Joan VanderMolen. "Il est temps pour eux de rentrer à la maison."
Les deux frères avaient défrayé la chronique en tuant leurs parents, José et Mary Louise Menendez, dans leur maison familiale huppée de Beverly Hills.
Leur procès, l'un des premiers retransmis à la télévision, avant même celui du joueur de football américain O.J. Simpson, est resté gravé dans la mémoire collective américaine.
Les procureurs avaient accusé les deux jeunes hommes, âgés de 18 et 21 ans au moment des faits, d'avoir assassiné leurs parents pour hériter de leur fortune de 14 millions de dollars.
Les frères ont eux présenté ces meurtres comme une tentative désespérée d'autodéfense, en affirmant avoir été violés pendant des années par leur père.
La série de fiction "Monstres: L'histoire de Lyle et Erik Menendez" ainsi qu'un documentaire produits par Netflix ont récemment relancé l'intérêt pour cette affaire, dans un monde où le mouvement #MeToo a changé la perception des victimes de violences sexuelles.
- Frénésie -
Le dossier suscite une véritable frénésie: la mobilisation en ligne en faveur des deux frères est soutenue par des célébrités comme Kim Kardashian et la maison où a eu lieu le meurtre est désormais assaillie par les curieux venant se prendre en photo devant la façade.
Lundi, de nombreux quidams ont fait la queue avant même le lever du jour devant le tribunal pour gagner le droit d'assister à l'audience, où les 16 sièges réservés au public faisaient l'objet d'une loterie.
"Aucun enfant ne devrait vivre ce qu'Erik et Lyle ont vécu ... et cela me brise le cœur que ma sœur ait su et n'ait rien fait pour y remédier", a insisté Mme VanderMolen, la sœur de Mary Louise.
"J'aimerais qu'ils rentrent à la maison", a ajouté en pleurs leur autre tante, Terry Baralt, sœur de José Menendez, un immigré cubain qui avait fait fortune et dirigeait un label musical.
Erik et Lyle, désormais âgés de 53 et 56 ans, devaient intervenir par vidéoconférence. Mais des problèmes techniques les en ont empêché.
La défense des deux frères demande leur libération, à la lumière de nouveaux éléments qui rendraient caduque leur condamnation pour meurtre: une lettre de l'époque où Erik évoque les agressions sexuelles de son père à un cousin avant le meurtre, ainsi que le témoignage d'un ex-chanteur de boys band latino, qui explique avoir été drogué et violé par José Menendez dans les années 1980.
Le juge a prolongé le suspense lundi, en refusant de se prononcer sur cette demande. Il a fixé une nouvelle audience aux 30 et 31 janvier.
- "Espoir" -
"Nous espérons qu'à la fin de cette période ou un peu plus tôt, nous obtiendrons la libération des frères" Menendez, a déclaré leur avocat Mark Geragos, à la sortie du tribunal.
Le procureur sortant de Los Angeles, George Gascon, s'est récemment prononcé en faveur d'une réévaluation de leur condamnation et a enclenché une procédure qui pourrait déboucher sur leur libération conditionnelle.
Mais son successeur fraîchement élu, Nathan Hochman, est réputé plus strict et ses recommandations pèseront lourd dans la balance. Le report à fin janvier doit notamment lui permettre d'effectuer son propre réexamen de l'affaire.
La défense a également soumis une demande de grâce pour les deux frères auprès du gouverneur de Californie, Gavin Newsom.
Parmi la foule présente lundi, Nick Bonanno, un ex-camarade de lycée d'Erik Menendez, a espéré que la société américaine tire des "leçons" de cette affaire.
"Quand des enfants parlent à leurs cousins ou à leurs amis (de violences sexuelles), ils doivent savoir que c'est bien d'en parler et de demander de l'aide", a-t-il confié à l'AFP.
Les deux frères "ont bon espoir", a confié le journaliste Robert Rand, qui a écrit un livre sur l'affaire et est régulièrement en contact avec eux.
"Cela pourrait durer six mois, huit mois, un an, mais ils finiront par sortir", veut-il croire.