Depuis un an, les salaires augmentent plus vite que les prix, mais au fil du temps les hausses deviennent plus modérées. Au deuxième trimestre, le salaire mensuel de base des salariés du secteur privé a progressé de 0,6 % selon les données provisoires publiées vendredi par le ministère du Travail. Sur un an, sa hausse est ramenée à 2,9 %, contre 3,2 % au cours des trois premiers mois de l'année.

Ces chiffres s'inscrivent toutefois dans un contexte de net ralentissement de l'inflation. Alors que les prix à la consommation - pour l'ensemble des ménages et hors tabac - ont augmenté de 2 % entre fin juin 2023 et fin juin 2024, ils mettent en évidence un gain de pouvoir d'achat pour les salariés.

Sur un an et en euros constants, le SMB a progressé de 0,8 % et même de 1,4 % pour les ouvriers mieux lotis grâce à la revalorisation automatique du SMIC, indexé sur l'inflation. Pour les employés en revanche, la hausse n'a pas excédé 0,5 %. Elle a même été inférieure à celle des cadres (+0,6 %) qui eux bénéficient souvent de compléments de salaires. « Les salaires ont réagi avec retard à l'inflation. En revanche, ils ralentissent presque en même temps que les hausses de prix, ce qui nous a beaucoup surpris », reconnaît Dorian Roucher, chef du département Conjoncture à l'Insee.

Hausses plus fortes dans l'industrie

La dynamique a toutefois été différente selon les branches professionnelles. C'est dans l'industrie qu'elle a été la plus forte avec un SMB, en hausse de 1,3, % en euros constants, le reflet du manque de bras à l'heure où la réindustrialisation du pays est une priorité. Dans la construction, engluée dans les difficultés, et dans le secteur tertiaire, elle a été deux fois moins importante (+0,7 %).

Alors que les ménages n'ont guère pu compter sur leurs salaires pour limiter leurs pertes de pouvoir d'achat face au choc inflationniste de ces deux dernières années, les gains qui se profilent en 2024 risquent de décevoir. Dans ses prévisions, l'Institut de la statistique attend une hausse de 2,9 % du SMB pour l'année en cours après un bond de 4,3 % en 2023. Les salaires réels augmenteraient « modestement » en 2024, de 0,6 % selon l'Insee. « La dynamique des salaires cette année ne compenserait donc pas les pertes cumulées par les salariés en 2022 et 2023 qui ont atteint 2,5 % », souligne Dorian Roucher.L'évolution du salaire moyen par tête (qui inclut les primes et les heures supplémentaires) ne serait pas vraiment plus dynamique. Dans le programme de stabilité transmis à Bruxelles en avril, le gouvernement Attal avait estimé qu'il ne progresserait plus que de « 2,7 % en moyenne annuelle », après 4,2 % l'an dernier. Plus optimiste, la Banque de France table dans ses projections sur une hausse de 3,1 % en 2024.Ces tendances sont corroborées par des données dévoilées vendredi par l'Insee : le coût horaire du travail (salaires, cotisations et taxes, déduction faite des subventions) dans les secteurs marchands non agricoles a augmenté de 2,7 % sur un an au deuxième trimestre 2024, contre 3 % au cours des trois mois précédents.

Un ralentissement qui s'explique par des versements de la prime de partage de la valeur en « très légère baisse sur un an ». Fiscalisée depuis le 1er janvier 2024, celle-ci a perdu une part de son attrait pour les entreprises françaises.