À côté des dons et du financement publics, les partis politiques peuvent aussi se financer par des "emprunts auprès de personnes physiques". Une manne chiffrée à huit millions d'euros en 2021, plus de 10 millions en 2022 et encore quetre millions en 2023, selon le rapport annuel de la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP).
Or le RN est "le parti qui a le plus utilisé" ce procédé, a relevé le président de la CNCCFP, Christian Charpy, lors d'une conférence de presse. Chiffres à l'appui: pour la seule campagne des élections européennes de 2024, le parti de Jordan Bardella s'est appuyé à plus de 87% sur quelque 225 particuliers, qui lui ont avancé près de 4,5 millions d'euros -dont une trentaine de prêts d'au moins 50.000 euros.
Les années précédentes également, le parti à la flamme a "concentré une forte majorité" de ce type d'emprunts: 613 en 2021 sur un total de 764 tous partis confondus, puis 425 en 2022 (sur un total de 492) et encore 96 en 2023 (sur un total de 123).
Au total, le RN affichait fin 2023 plus de 20 millions d'encours à rembourser "auprès de personnes physiques", le plus ancien remontant à 2007. "Il est essentiel que ces prêts soient remboursés, sinon ce sont des dons déguisés", ce qui serait "contraire au code électoral", a souligné M. Charpy.
Le président de la CNCCFP a également promis de "veiller à ce que les prêteurs ne soient pas toujours les mêmes", autre sujet de friction avec le parti d'extrême droite, sous le coup d'une enquête judiciaire après un signalement de la commission.
Une "opération de harcèlement" dénoncée en mai par M. Bardella, qui avait assuré que ces emprunts litigieux étaient "parfaitement légaux".
Le parti à la flamme met en outre régulièrement en avant le refus des banques françaises de leur prêter de l'argent, l'obligeant à recourir aux prêts de particuliers.
Selon son trésorier, Kévin Pfeffer, la dette du RN s'élève actuellement à 13 millions d'euros, qu'il entend apurer d'ici fin 2027.