L'année 2014 est riche en élections dans des pays clefs comme le Brésil, la Turquie, l'Indonésie et l'Inde.Les marchés misent sur une alternance politique pour relancer les programmes de réformes dans ces pays.
L'année 2014 est riche en élections dans des pays clefs comme le Brésil, la Turquie, l'Indonésie et l'Inde.Les marchés misent sur une alternance politique pour relancer les programmes de réformes dans ces pays.
Depuis le 5 février, l'indice MSCI Emerging Market s'est repris de plus de 10 %. Pourtant, les ressorts de la chute des marchés émergents depuis mai 2013 n'ont pas disparu. La Fed continue de réduire ses achats d'actifs (« tapering »), qui ont inondé les marchés mondiaux depuis 2010, la croissance continue de ralentir en Chine, les « cinq fragiles » (Inde, Afrique du Sud, Brésil, Indonésie, Turquie) continuent d'afficher un déficit courant élevé à un moment où les capitaux se font plus rares. Malgré tout, les investisseurs commencent à revenir, de façon plus sélective, sur ces marchés émergents. « Les flux de capitaux se sont inversés dans certains pays depuis le début du mois d'avril, c'est le signe que les investisseurs ont commencé à mettre de côté les mauvaises nouvelles, comme le "tapering", qui est maintenant reflété dans les cours, tout comme les troubles géopolitiques en Ukraine, par exemple », selon Victor Benavides chez Mirabaud AM.
Opportunité
« Il y a eu deux épisodes de stress sur les émergents », rappelle Jean-Louis Mourier, chez Aurel BGC. « Le premier avec l'annonce du "tapering" et le deuxième en début d'année avec la prise en compte du risque politique lié à l'approche des élections. » Le calendrier politique est en effet très chargé en 2014. Pierre-Yves Bareau, chez JP Morgan AM, s'inquiétait d'ailleurs en début d'année de ces « événements politiques qui pourraient compromettre la dynamique des réformes structurelles ». Car les besoins de changement sont vitaux pour réduire les déséquilibres extérieurs et pour créer de nouvelles sources de croissance.Un risque, mais aussi une opportunité, selon Victor Benavides. « Il va y avoir des élections en Inde, en Afrique du Sud, en Indonésie, en Turquie et au Brésil dans les prochains mois. Tout changement peut être un catalyseur pour les marchés. On vient d'assister à un rally sur les émergents en raison des espoirs de changement après les élections. » L'Inde en est la parfaite illustration. Secouée fin janvier comme tous les émergents, la Bourse de Bombay s'est reprise de 21 % dans l'espoir d'une victoire aux élections de l'opposition emmenée par le BJP. « S'il venait à prendre le contrôle à l'échelle nationale, d'importantes réformes devraient être mises en place, une démarche que de nombreux observateurs (nous y compris) jugent cruciale », explique Mark Mobius, de Franklin Templeton Investments. En Turquie, la victoire aux élections locales du parti du Premier ministre Erdogan avec 45 % des voix a rassuré les marchés. Maarten-Jan Bakkum, d'ING IM, expliquait avant le scrutin qu'un « soutien de moins de 40 % pour l'AKP à l'échelle nationale créerait de nouvelles incertitudes et pourrait provoquer une nouvelle vague de manifestations ». A contrario, la victoire moins nette que prévu, le 10 avril, du Parti démocratique indonésien de la lutte (opposition) aux législatives a entraîné une chute de 3,16 % de la Bourse de Jakarta. Ce qui pourrait compliquer sa tâche lors des présidentielles.Pour Victor Benavides, « étant donné le pessimisme ambiant envers la classe d'actifs, le moindre signe de changement peut déclencher un rally important. Où y a-t-il le plus fort potentiel ? Sur les marchés développés où les actions sont chères, les investisseurs déjà sur-pondérés et les attentes élevées, ou dans les pays émergents, peu chers, sous-pondérés dans tous les portefeuilles et où les attentes sont faibles ? »