Opérationnel depuis le début de l'année, le fonds de soutien aux librairies tourne déjà à plein régime, trois mois à peine après son démarrage.Aurélie Filippetti veut mettre l'accent sur les bibliothèques. La ministre a aussi ouvert le dossier de l'extension de leurs horaires.
Opérationnel depuis le début de l'année, le fonds de soutien aux librairies tourne déjà à plein régime, trois mois à peine après son démarrage.Aurélie Filippetti veut mettre l'accent sur les bibliothèques. La ministre a aussi ouvert le dossier de l'extension de leurs horaires.
« La période la plus dure est derrière nous. L'annus horribilis a été 2013. » Vincent Monadé, le nouveau président du Centre national du livre (CNL) se veut optimiste pour l'avenir des librairies. L'année dernière, devant l'aggravation de leur situation économique, le gouvernement, par la voix d'Aurélie Filippetti, ministre de la Culture et de la Communication, avait annoncé la mise en place d'un fonds de soutien. Effectif depuis le début de l'année, il se divise en deux branches : la première partie (5 millions d'euros) est destinée à soulager les librairies de leurs soucis de trésorerie via des prêts de faible niveau (de 5.000 à 100.000 euros) accordés à court terme par l'Ifcic (Institut de financement du cinéma et des industries culturelles) ; la seconde partie (4 millions d'euros) aide à la reprise et à la transmission des librairies. A cette somme, les éditeurs sont venus ajouter 7 millions, tandis que les fonds alloués aux librairies par le CNL ont doublé, pour atteindre 6 millions.
Un maillage essentiel
A peine trois mois après leur mise en place, les deux pans de ce fonds tournent déjà à plein régime. « Ce fonds commence à porter ses fruits maintenant. On l'a vu avec le réseau Chapitre », a déclaré au Salon du livre Aurélie Filippetti, ministre de la Culture et de la Communication. La mobilisation de ce fonds a en effet aidé à la reprise de 21 des 34 librairies Chapitre, qui ont ainsi pu être sauvées de la déroute subie par le réseau. Par ailleurs, une quinzaine de librairies ont déjà fait appel au volet trésorerie et de nombreux dossiers sont attendus dans les prochaines semaines, alors que la période creuse s'annonce sur le plan commercial. « Pour ce qui concerne les avances de trésorerie, je m'attends à plusieurs centaines de librairies concernées dans les mois à venir », confirme Vincent Monadé. Pour autant, si le plus dur semble passé, tout n'est pas résolu pour les librairies, maillage essentiel d'une industrie du livre qui n'a pas encore effectué son virage vers le numérique (lire ci-dessous). « Ce fonds est une bonne chose, mais il ne couvre pas tous les besoins. Les librairies ont encore des problèmes structurels, comme les loyers de centre-ville, et il faut leur redonner de l'oxygène et reconnaître leur spécificité », estime de son côté Guillaume Husson, délégué général du Syndicat de la Librairie Française (SLF). Déjà, des discussions ont été entamées au sein du CNL pour aller plus loin. Les librairies continuent à souffrir de la concurrence frontale d'Amazon, qui prend une place de plus en plus prépondérante dans la chaîne du livre, et d'une conjoncture économique dégradée. A l'automne dernier, une proposition de loi UMP visant à mettre fin au cumul du port gratuit des livres vendus par correspondance et de la remise de 5 % sur le prix fixé par l'éditeur, dite « loi anti-Amazon », a certes été votée à l'unanimité. Mais une bévue du gouvernement, qui a oublié de transmettre le dossier en temps et en heure à la Commission européenne, a retardé l'application de cette loi. L'exécutif espère que ce sera le cas avant l'été. Pour Aurélie Filippetti, la priorité n'est plus aux librairies. Au Salon du livre, qui a fermé ses portes hier, elle a mis l'accent sur l'accès au livre via les bibliothèques. Elle a annoncé « une journée de réflexion sur la place des bibliothèques comme lieux de pluralisme, de tolérance et d'accès à tous les savoirs », et ouvert le chantier de l'extension de leurs horaires.