Après la seconde main, voici venu le temps de la réparation. C'est en tout cas le parti pris de Prolong, une start-up qui développe un logiciel en marque blanche pour accompagner les marques de mode qui veulent proposer à leurs clients un panel de services d'entretien et de réparation. Pour l'y aider, cette start-up, accompagnée par le studio nantais Imagination Machine fondé par l'entrepreneur californien Rob Spiro, annonce lever 1,5 million d'euros (dont 500.000 euros de non dilutif) auprès d'AFI Ventures et de business angels.

Dans un contexte où les marques font grise mine, avec l'inflation qui attaque le budget des ménages, la start-up cherche à améliorer les marges des entreprises en offrant de nouveaux services, qui vont à la fois contribuer à augmenter le panier moyen et à fidéliser la clientèle. « Au moment de la vente d'un produit neuf, l'idée est de souscrire à un service d'entretien, par exemple, avec la possibilité de renvoyer la pièce à la marque », détaille Tanguy Frécon. L'entrepreneur est un bon connaisseur du secteur, puisqu'il a cofondé la start-up Lizee qui propose un logiciel en marque blanche pour développer la seconde main dans les entreprises.

Plateformes tech

Dans le détail, la start-up orchestre la logistique et propose surtout un outil de diagnostic en ligne et en boutique, permettant en quelques secondes de connaître le problème de tel ou tel produit, et de trouver un réparateur. La start-up, qui vient de se lancer, compte déjà trois clients, dont le français Fusalp, qu'elle accompagne dans huit pays.Côté réparateur, la tâche n'est pas simple. Si, contrairement à d'autres secteurs comme dans l'électroménager, la profession n'est pas en pénurie, elle demeure fragmentée et très peu digitalisée. « On ne les prospecte pas, nous laissons nos clients le faire. Ils ont souvent déjà des relations. En revanche, nous les aidons à s'équiper en numérique, de manière gratuite, leur permettant par exemple d'éviter d'être payés instantanément », poursuit l'entrepreneur, qui ambitionne néanmoins de développer des réseaux de réparateurs à travers l'Europe, auxquels différentes marques pourraient faire appel.Sur ce créneau, la start-up Tilli a un temps d'avance, plus précisément de huit ans. Pionnière en France sur le sujet, elle revendique 600 artisans dans son réseau, avec une approche BtoC et BtoB pour de la retouche et de la réparation (textile, maroquinerie…).

Dynamique réglementaire

Mais l'un des plus gros accélérateurs reste l'aspect réglementaire. D'un côté, la loi Agec (« antigaspi »), instaure, depuis octobre 2023, un « bonus réparation » piloté par l'éco-organisme Refashion, qui permet de subventionner les particuliers lorsqu'ils souhaitent rapiécer leurs affaires auprès de réparateurs agréés. Un petit succès dans le secteur : fin 2023, plus de 26.000 réparations de vêtements ont été enregistrées, dont 57 % en retouche et 43 % en cordonnerie, remarquaient « Les Echos ».

De l'autre, le « Right to repair », une directive votée fin 2023 par le Parlement européen, qui va obliger les producteurs à proposer la réparation en option, même en dehors de la période de garantie, à l'horizon 2026-2027. « Cela prouve qu'il y a une demande. Dès qu'une loi arrive, beaucoup d'entrepreneurs se positionnent sur le sujet. C'est positif parce que cela nous booste auprès des investisseurs et du marché », remarque Béryl de Labouchere, la fondatrice, qui a signé avec une vingtaine de marques en 2023, comme Americain Vintage, Tara Jarmon, Asphalte… Cette dynamique pousse la société à se lancer en Europe, dès février, d'abord en permettant l'envoi de colis de pays européens vers la France, pour bénéficier de réparation. Ensuite, en créant des réseaux locaux, grâce à une prochaine levée de fonds prévue en 2024.Cette année, le français Fingz a débarqué sur le marché avec un angle BtoC. En embuscade sur le marché, également, le britannique Save Your Wardrobe, qui propose notamment de la réparation. Une géographie où se développent aussi les pépites The Restory ou encore The Seam.