Venu voter dans une école de Libreville en tenue civile - veston marron sur jean clair -, le président de la transition Brice Oligui Nguema, a déposé son bulletin puis apposé son index trempé d'encre rouge sur sa carte d'électeur. 

"Tous les Gabonais viennent voter dans la transparence (....) c'est une avancée énorme pour la transition", a-t-il dit à la presse après le vote.

Pour que "le scrutin se déroule dans un climat de quiétude et de paix", les autorités ont renforcé le couvre-feu mis en place depuis le putsch qui l'a porté au pouvoir en août 2023. 

"Les horaires du couvre-feu sont réaménagés de 24H à 5H00 du matin durant toute la période du processus électoral"  -soit deux heures plus tôt que le couvre-feu actuel qui commence à 02H00-, selon le décret lu à la télévision publique.

Samedi matin, les bureaux de vote ont ouvert à 07H00, avec dans certains centres des retards liés à la distribution du matériel électoral, a constaté l'AFP. 

La télévision d'Etat Gabon 24 a elle même décalé d'une heure son émission spéciale sur "le jour le plus attendu", en diffusant dans l'intervalle des reportages sur les activités du chef de l'Etat et des spots officiels sur le calendrier de la transition, devant aboutir, après l'adoption de la nouvelle loi fondamentale, à la tenue d'une élection présidentielle en aout 2025. 

Dans la matinée, des files de dizaines d'électeurs se sont formées devant les salles de classes accueillant les bureaux de vote du lycée Leon Mba, sous l'oeil des militaires et gendarmes chargés de la sécurité du scrutin.

Au sortir des urnes, les premiers électeurs expriment leur satisfaction d'avoir "répondu à leur devoir civique" comme Maël Safou, 32 ans, un électromécanicien qui appelle les Gabonais à se "déplacer massivement pour venir valider ou invalider" la nouvelle Constitution.

Beaucoup restent discret sur leur vote, mais le +oui+ semble dominer la tendance. 

"Je fais confiance au président pour valider un texte bien pour le pays", assure ainsi Nathalie Badzoko, une fonctionnaire de 33 ans qui n'a "pas lu l'intégralité du texte" et ses 173 articles.

Dominée par la propagande officielle, la campagne a été marquée par de vifs débats. Les opposants au texte dénoncent un texte taillé sur mesure pour le nouvel homme fort du pouvoir, ses partisans disent qu'il faut aller de l'avant en votant +oui+.

Pour les médias locaux, le taux de participation est le principal enjeu de la consultation. 

Pour motiver les électeurs, le pouvoir a multiplié les appels au vote dans les médias, sur les réseaux sociaux et sur les panneaux d'affichage. A la dernière minute, deux jours de congés ont été accordés en amont du scrutin et des changements dérogatoires de bureau de vote autorisés pour "limiter les aléas liés aux transports et à la météo" en saison des pluies.

Le projet de nouvelle loi fondamentale consacre entre autres un mandat de sept ans renouvelable une seule fois, avec un régime présidentiel au pouvoir exécutif fort, sans Premier ministre mais avec un vice-président nommé par le Chef de l'Etat, et un pouvoir de dissolution de l'Assemblée nationale.

- "Essor vers la félicité" -

Le projet de nouvelle Constitution impose au candidat à la présidentielle d'être exclusivement Gabonais, né d'au moins un parent gabonais de naissance et marié à une personne gabonaise. Un alinéa non inscrit dans la liste des dispositions intangibles interdit au conjoint ou aux descendants du président de se porter candidat.

Les 2.835 bureaux du pays doivent rester ouverts jusqu'à 18H00 (17H00 GMT), avant dépouillement et centralisation des résultats au ministère de l'Intérieur chargé pour la première fois de superviser le processus.

"On fait confiance et c'est un test", prévient" Mathurin Bengone, un fonctionnaire de 45 ans du ministère de la Santé. "Si notre vote n'est pas respecté, on ne votera plus. On fera comme les années d'avant, l'abstention va prendre de l'ampleur" ajoute t-il.

Si la Constitution est adoptée, la prochaine étape sera la tenue d'une élection présidentielle, actuellement prévue en août 2025, pour mettre un terme définitif à la transition née du putsch du 30 août 2023.

Le général Oligui a promis de rendre le pouvoir aux civils mais il ne cache pas ses ambitions présidentielles en promettant aussi un "essor vers la félicité" à ce pays à la fois riche en pétrole et lourdement endetté.