Le 23 avril, les fédérations de fonctionnaires avaient écrit à Manuel Valls pour lui demander une « audience intersyndicale ». Le Premier ministre a pris son temps et choisi de répondre deux jours seulement avant la mobilisation à laquelle toutes appellent aujourd'hui les quelque 5 millions d'agents de l'Etat, des collectivités territoriales et des hôpitaux. Et son ton n'a rien de conciliant. Manuel Valls leur oppose une double fin de non-recevoir. Non seulement, il ne fait aucune référence à leur demande d'audience, mais, reprenant ce qu'il a dit dans son discours de politique générale, il souligne « la contribution déterminante [des fonctionnaires] à notre effort collectif de redressement ». Contraste flagrant avec son prédécesseur, Jean-Marc Ayrault, qui avait répondu dans les 24 heures en abondant dans leur sens lorsque les syndicats de fonctionnaires lui avaient demandé de confirmer par écrit le fait que le mécanisme d'avancement des agents ne serait pas remis en cause.Le Premier ministre confirme la stratégie du choc frontal avec les fonctionnaires exposée devant les députés mi-avril, quand il a décidé de geler le point de la fonction publique jusqu'en 2017 (« Les Echos » du 17 avril). Il parie manifestement sur un échec de la mobilisation aujourd'hui. Celle-ci constitue pourtant un petit événement : cela fait près de sept ans qu'il n'y a pas eu unanimité syndicale pour organiser une journée d'action sur les salaires - surtout - et l'emploi.