On les appelle des plateformes tout-en-un, des « super app » ou des guichets uniques. Depuis plusieurs années, de nombreuses start-up développent des logiciels pour fournir un maximum de services pour entreprises, en particulier les TPE-PME. Une vague de fintechs est apparue fin des années 2010, dont ont émergé des noms comme Qonto dans la banque, Pennylane dans la comptabilité, Spendesk dans la gestion des dépenses…Dans la legaltech, des jeunes sociétés ont aussi ciblé les free-lances, petites et moyennes entreprises comme Legalstart, spécialiste des services juridiques et administratifs. Créée en 2014, cette société s'est fait connaître avec son module de création d'entreprises avant de se diversifier avec d'autres produits (modification des statuts, fermeture d'entreprise…).

Diversification dans la comptabilité

Cette diversification, qui restait dans un seul domaine, prend un nouveau tournant avec le lancement d'un compte bancaire associé à une carte et d'autres services comme la gestion des notes de frais. Il y a quelques mois, Legalstart s'était lancé dans la comptabilité en créant son propre cabinet (une entité juridique à part). « Notre stratégie est de proposer les services essentiels pour les entrepreneurs. Désormais, on adresse les trois besoins principaux, à savoir le juridique, la comptabilité et la finance », souligne Timothée Rambaud, directeur général de Legalstart. Un de ses concurrents, Legalplace, s'est aussi lancé dans la comptabilité en offrant un logiciel accompagné de conseil.Chez les start-up de la comptabilité, la diversification est aussi en marche. Indy, qui s'adresse principalement aux indépendants, a intégré des modules pour créer sa structure, faire des devis, des factures…Même logique pour la licorne Pennylane (200.000 clients TPE-PME) avec des outils de facturation électronique, de la gestion de trésorerie, du crédit court terme, un compte professionnel. Mais elle n'a pas prévu de se positionner sur la création d'entreprise. « On pense que ça doit rester la chasse gardée des experts-comptables et des legaltechs. En revanche, on gère le dépôt de capital », indique Arthur Waller, cofondateur de la jeune pousse. Qonto s'est attaqué à ce segment en lançant en août dernier un outil de création d'entreprise à destination des experts-comptables. Après s'être focalisée sur l'acquisition de clients en direct, la fintech aux 500.000 clients cible de plus en plus les experts-comptables. C'est une des raisons qui l'a poussée à racheter Regate, une plateforme de gestion financière et comptable qui s'adresse aux TPE-PME et experts-comptables.Ces mouvements s'expliquent par plusieurs raisons. Tout d'abord, il est plus facile de lancer des offres bancaires qu'il y a quelques années grâce à des acteurs qui fournissent l'infrastructure bancaire et possèdent l'agrément adéquat. Pennylane et Legalstart travaillent ainsi avec la fintech française Swan.

Course au tout-en-un

Autre raison : les TPE-PME se retrouvent aujourd'hui avec une multitude de logiciels (un pour la comptabilité, un pour les notes de frais, un pour le juridique…) ce qui n'est évidemment pas pratique et fait monter la facture. Avoir tout au même endroit devient un argument de choix pour ces entreprises qui représentent le tissu économique français. « Si une start-up propose un produit, ses clients ont tendance à lui demander d'en faire trois ou quatre autres. Ce n'est donc pas étonnant de voir converger toutes les start-up de la comptabilité, de la transaction bancaire et de l'automatisation juridique », estime Julien-David Nitlech, associé chez IRIS, un fonds de capital-risque franco-allemand, qui voit aussi ce phénomène en Allemagne, mais de façon plus « lente ». « C'est une bonne nouvelle, car cela montre que les PME se digitalisent », ajoute l'investisseur.Cette course au tout-en-un rebat les cartes. « La consolidation va se passer dans les prochaines années », racontait aux « Echos » Alexandre Prot, PDG et cofondateur de Qonto, au moment de l'acquisition de Regate. La start-up iPaidThat, spécialiste de la gestion comptable et financière, vient d'être achetée par le groupe BPCE.Pennylane a levé 40 millions d'euros en début d'année pour réaliser des acquisitions. « Il y a des boîtes qui n'ont pas assez de cash pour croître plus et atteindre une taille critique. Elles doivent donc s'adosser à une autre boîte », souligne Julien-David Nitlech. La consolidation pourrait aussi venir d'autres acteurs comme la plateforme de free-lances Malt qui aurait tout intérêt à proposer une palette de services juridiques et financiers à ses clients. La guerre est loin d'être terminée.