Un défi fantastique
Les premières recherches sur le sujet remontent au début des années 1990. « Le secteur de la défense a été le premier à s'intéresser aux exosquelettes, indique Catherine Simon, directrice du Salon Innorobo. La technologie s'est ensuite diffusée dans le monde médical. » Les développeurs d'exosquelettes prévoient désormais une pénétration de leurs engins dans une multitude de secteurs. « Il y a des applications possibles dans les industries où se multiplient les tâches pénibles, dans la logistique, la construction, l'agriculture, le nucléaire ou les opérations de secours et, bien sûr, la santé », explique Hiromichi Fujimoto.A lui seul, le marché des « robots » de rééducation, qui aident notamment des grands accidentés ou des personnes âgées à retrouver de la motricité, pourrait, selon une étude de WinterGreen Research, atteindre 1,8 milliard de dollars en 2020, contre seulement 43,3 millions de dollars l'an dernier. « Les progrès sont fantastiques. Des personnes réapprennent vraiment à marcher », expliquait, il y a quelques semaines, à Tokyo, à l'occasion d'un séminaire, le professeur allemand Thomas A. Schildhauer. Avec ses équipes, il entraîne ses patients cinq fois par semaine pendant trois mois avec l'exosquelette HAL, développé par la société japonaise Cyberdyne.Le principal concurrent de Cyberdyne dans le secteur médical est l'américain Ekso Bionics. L'entreprise, fondée en 2005 par des anciens de l'université de Californie à Berkeley, propose depuis février 2012 un exosquelette destiné à la rééducation. En France, une équipe du CEA s'est lancée dans un projet encore plus ambitieux : faire marcher un patient tétraplégiquegrâce à un exosquelette bras et jambes piloté par un implant cérébral.
Mais c'est dans l'industrie que pourrait résider le premier marché de masse pour les exosquelettes. Le japonais ActiveLink pense pouvoir lancer, l'an prochain, un modèle appelé « Power Loader », qui s'enfilerait rapidement et permettrait à un humain de soulever des charges de plusieurs dizaines de kilos. Il devrait être proposé à un prix inférieur à 5.000 euros l'unité. « Pour réussir la commercialisation, il faut des appareils légers, bon marché et pratiques », souligne Hiromichi Fujimoto.