C'est une lame de fond, qui vient de loin. Les entreprises se tournent de moins en moins vers leur banquier et s'endettent toujours plus sur les marchés. Selon les données publiées mercredi par la Banque de France, l'encours de dette auprès des marchés représente 483 milliards d'euros sur un encours total (marché + crédit bancaire) de 1.301,1 milliards d'euros. Les marchés atteignent ainsi 37,1 % de l'endettement total, dix points de plus qu'en février 2008, juste avant la crise financière.Cette évolution est favorable aux grandes entreprises, signatures bien connues, qui émettent de gros volumes. Ces poids lourds profitent des conditions de taux très intéressantes. Le coût moyen du financement n'est, en effet, que de 1,9 % sur les marchés contre 2,7 % pour un crédit bancaire (voir illustration).
PME dépendantes
En revanche, la part du crédit bancaire a tendance à diminuer, ce qui est une mauvaise nouvelle pour les PME, encore très dépendantes de leur banque. Qu'on en juge par l'évolution des encours. Sur un an (à fin février), la hausse est de 8 % pour les financements de marché, contre seulement + 0,5 % pour le crédit.L'atonie du crédit s'explique par la demande, elle-même plutôt faible. Dans une économie au ralenti, il est logique qu'une PME - dont l'activité dépend pour beaucoup de la France - réduise ses besoins. La demande souffre aussi d'une hausse de 2,7 % du nombre de défaillances de PME ces douze derniers mois. A cet effet demande s'ajoute la préoccupation légitime des banques pour la maîtrise de leurs engagements. Une part croissante du financement de court terme est ainsi couverte par de l'affacturage plutôt que par un crédit classique. Mais dans la sphère publique, certains estiment qu'en cette année de « stress tests », les banques ont tendance à réduire un peu trop la voilure. Et qu'elles pourraient en faire plus pour encourager la demande des clients.