Chou blanc. Fin 2024, plus de 5 millions de salariés de très petites entreprises et d'employé(e) s à domicile étaient appelés aux urnes pour choisir leurs représentants. Un gros enjeu pour les organisations syndicales : les entreprises de moins de dix personnes représentent 19 % de l'emploi salarié en France. Mais le taux de participation, en baisse, n'a pas même atteint les 5 %, avec la CGT en tête (27,6 % des suffrages) devant la CFDT et l'UNSA.

Une telle situation pourrait un peu plus fragiliser les CPRI, les Commissions paritaires régionales interprofessionnelles, qui peinent déjà à exister. Près de dix ans après leur création par la loi Rebsamen de 2015 sur le dialogue social, ces instances destinées à représenter salariés et employeurs des TPE dans les territoires (quand les branches n'ont pas de dispositif équivalent) ne sont pas parvenues à trouver leur modèle.

Leurs missions d'origine étaient d'informer et de rendre des avis consultatifs sur les questions spécifiques aux très petites entreprises. Peu portées par les organisations patronales et syndicales, sans moyens et en manque de notoriété, ce sont aujourd'hui au mieux des organes qui se maintiennent à la faveur de subventions et courent après une visibilité. Au pire, des coquilles vides.

Deux « autour de la table »

Au vu du contexte, l'activisme de la CPRI des Hauts-de-France détonne. Stéphane Alvarez (CGT) et Didier Logerais (Medef), respectivement président et vice-président, ont décroché un budget de 12.000 euros auprès de la Direction régionale de l'économie, de l'emploi, du travail et des solidarités (Dreets) et se sont dotés d'« un site internet digne de ce nom ». Ils se sont ensemble livrés, dans une vidéo, à un petit exercice de pédagogie. Et ont passé un accord avec le groupe UP pour mettre en place tickets-restaurant et chèques cadeaux _ quand les salariés des TPE n'ont pas accès aux oeuvres sociales et culturelles d'un comité social et économique.

Mais « nous touchons peu de monde », regrettent les deux élus, évoquant le manque d'intérêt des entreprises, pour sensibiliser leurs salariés. Surtout, pointe Didier Logerais, « vingt personnes devraient être autour de la table mais nous avons été deux toute l'année ».

Depuis leur création en 2001, les Commissions paritaires régionales interprofessionnelles de l'artisanat (CPRIA), qui ont inspiré les CPRI, fonctionnent mieux. « On y traite tous les sujets concernant la vie d'une TPE », indique Pierre Durban, le délégué général de l'U2P, qui associe les artisans, les commerçants et les professions libérales.

Seul syndicat patronal à la manoeuvre des CPRIA, l'U2P défend un objectif : « créer les conditions pour développer un dialogue social dans les TPE ». A l'automne, Michel Picon, le président de l'U2P, avait appelé à la mobilisation des salariés des très petites entreprises : « Nous les croisons paritairement quand ils viennent devant le conseil de prud'hommes, ce qui n'est pas la solution idéale », avait-il dit, annonçant, pour ce début d'année, une campagne pour favoriser la justice sociale à leur attention. .