Apple poursuit son offensive dans les services financiers, et plus particulièrement dans les paiements. Sept ans après le lancement d'Apple Pay en France, la firme à la pomme annonce la disponibilité ce mardi du service « Tap to Pay sur iPhone », qui va permettre aux commerçants français d'accepter les paiements sans contact avec un simple iPhone.

Plus besoin de s'équiper d'un terminal de paiement pour effectuer une transaction. Il suffit, pour le commerçant, de télécharger une application fournie par l'un des partenaires d'Apple. Celle-ci permet de prendre en charge le paiement, qui peut se faire avec une carte bancaire ou bien un « wallet » (portefeuille numérique), comme la solution maison Apple Pay, Samsung Pay ou autre. Comme pour le paiement sans contact sur un terminal classique, toute transaction dont le montant dépasse 50 euros nécessite de taper son code sur l'iPhone du commerçant, qu'il s'agisse de petites entreprises, de professionnels ou de grands distributeurs.

La fonctionnalité proposée par Apple était attendue depuis plusieurs mois. Présentée dès le début de l'année 2022, « Tap to Pay » était déjà disponible aux Etats-Unis, en Australie, à Taïwan, et depuis peu en Europe, notamment aux Pays-Bas et au Royaume-Uni. Le géant californien s'est associé à différents partenaires bancaires mais aussi à des plateformes de paiement pour rendre disponible sa solution. A l'instar d'Apple Pay, « Tap to Pay » doit en effet être intégrée à une application de paiement pour pouvoir fonctionner sur un iPhone. Le groupe BPCE (Banque Populaire et Caisse d'Epargne), la néobanque Revolut, mais aussi les sociétés Adyen, SumUp, myPOS, Viva.com ou encore Worldline proposent dès mardi la solution à leurs clients professionnels. BNP Paribas, Crédit Coopératif, Stripe et Stancer (la filiale de paiement de Free) devraient suivre, prévient Apple.

Il sera possible aussi de payer d'un iPhone à un iPhone dans les Apple Store depuis mardi, et bientôt dans les enseignes Sephora et Christian Dior Couture, qui appartiennent au groupe LVMH (propriétaire des « Echos »), dans les magasins Dyson et les boutiques de prêt-à-porter Sézane, ainsi que tous les restaurants équipés de la suite logicielle L'Addition.

Pas de données sur les paiements

Côté cartes, celles d'American Express, de Visa et de Mastercard seront immédiatement acceptées. La prise en charge des cartes CB, qui reste le schéma de paiement le plus utilisé en France, interviendra « dans les semaines à venir », indique le groupe américain. Toutes les données relatives au paiement sont chiffrées et traitées, avec les mêmes technologies que celles utilisées pour Apple Pay. La firme de Cupertino garantit ne disposer d'aucune information sur la nature des achats et l'identité de l'acheteur. L'utilisation de ce service a évidemment un coût pour le commerçant. Il pourra varier selon le partenaire qui le déploie et le modèle économique retenu. Pour les clients de BPCE, il faudra par exemple s'acquitter d'un abonnement de 4,90 euros par mois (auprès de la banque), ce à quoi s'ajoutent des frais fixes de 15 centimes par transaction, et une commission carte bancaire de 1,25 %.Pour un achat de 30 euros, cela revient ainsi à 52 centimes de frais pour le commerçant, a calculé le groupe bancaire. Le détail des relations commerciales entre Apple et BPCE ou avec les autres partenaires demeure quant à lui confidentiel.D'un point de vue technologique, la nouvelle fonctionnalité d'Apple n'est pas révolutionnaire. Elle est déjà proposée par Android sur les terminaux équipés de l'OS de Google, bien plus nombreux que les iPhone. Mais en se lançant sur ce terrain, la firme à la pomme pourrait bien accélérer l'adoption de ce type de fonctionnalité. Ce fut le cas déjà lors du lancement de la solution Apple Pay, qui a permis de véritablement faire décoller le paiement mobile.

Ce n'est pas forcément une bonne nouvelle pour les fabricants de terminaux de paiement, comme le français Ingenico, racheté à World-line par le fonds Apollo l'an dernier. Ni pour les plus petits acteurs, comme SumUp, qui proposent des boîtiers connectés au smartphone du commerçant permettant d'encaisser des achats. Les uns comme les autres tentent de se diversifier en accélérant leurs investissements dans les logiciels et être ainsi moins dépendants du matériel.