Une dette de 2.000 milliards d'euros. Soit 93,5 % du PIB. Avec un tel fardeau, la France n'a pas droit à l'erreur. Certes, jusqu'ici les marchés ont bien traité la dette française. Mais le nouveau gouvernement de François Hollande va devoir relever plusieurs défis pour maintenir les bonnes relations avec les marchés financiers. Passage en revue des cinq dossiers à risque :

Les réformes

Manuel Valls « a fait campagne, lors des primaires socialistes, pour la TVA Sociale », il a soutenu l'idée « d'une règle d'or pour les déficits budgétaires » et était favorable « à un aménagement des 35 heures ». Un CV qui devrait plaire aux marchés financiers selon la Société Générale. Même si, rappelle Thibault Prebay de Quilvest Gestion, «le nom du Premier ministre, ca fait longtemps que les marchés s'en moquent. Le problème est lié au fait qu'il n'y a pas de croissance et que la France n'a pas fait de réforme. » Car au delà des hommes, il y a «une chose qui ne va pas changer d'un jour à l'autre : la situation alarmante des finances publiques », rappelle Bruno Cavalier chez Oddo Securities. «La France s'est engagée à ramener son déficit sous 3 % du PIB en 2015. Cet objectif paraît hors de portée », souligne ce dernier. D'autant que la feuille de route fixée par François Hollande au nouveau locataire de Matignon est claire : la France ne doit pas sacrifier la croissance sur l'autel de la baisse des déficits.

La négociation avec Bruxelles

pour 2014/2017. Manuel Valls devra donc aller très vite plaider sa cause à Bruxelles, qui n'a pas manqué de le rappeler à ses devoirs quant aux objectifs de réduction des déficits. «La France connaît parfaitement ses engagements. Elle s'est vu octroyer deux ans supplémentaires et il est évident qu'il y a du travail à faire », a prévenu Jeroen Dijsselbloem, le président de l'Eurogroupe. Pour Guillaume Menuet de Citigroup, la partie s'annonce serrée. «La France fait beaucoup de pactes (solidarité, compétitivité) et on s'y perd un peu. Le gouvernement va devoir rentrer dans le dur et donner des détails. Tout le monde a fait des efforts en Europe et la France est à la traîne. Il va falloir des arguments sérieux pour obtenir plus de temps».

Les agences de notation

Les agences de notation ont encore Paris en ligne de mire. En novembre, Standard & Poor's a dégradé la note de la France et le 23 mai prochain, Moody's pourrait être tenté de faire de même. En janvier, Moody's avait certes apprécié les volontés de réforme du gouvernement, mais il mettait toujours en cause les rigidités du marché du travail, le coût du travail et le taux de pression fiscale élevé. Manuel Valls bénéficiera-t-il d'un délai de grâce à l'italienne ? Moody's a en effet relevé la perspective de la dette italienne après la nomination de Matteo Renzi comme président du conseil.

La compétition avec l'Italie

Jusqu'ici, la dette française jouait dans la cour des grands avec un écart de taux avec l'Allemagne autour de 50/55 points de base. Mais le risque est grand pour Paris de se retrouver à terme en concurrence avec l'Italie sur le marché de la dette.« La France présente de nombreux parallèles avec l'Italie: des finances publiques en triste état, une compétitivité qui s'érode, une concurrence insuffisante sur les marchés de biens et services et depuis peu la volonté affichée par les autorités de réformer le système économique. Matteo Renzi a créé de forts espoirs, François Hollande ne fait pas rêver… L'un peut décevoir, l'autre surprendre, » constate Bruno Cavalier. L'écart de taux entre l'Italie et la France qui était de 500 points de base en 2012 n'est plus que de 175 points.

Le virage de la Fed

Depuis l'annonce d'une réduction du soutien de la Fed à l'économie en mai dernier, les taux européens se sont tendus dans le sillage des taux américains. Le 10 ans français est passé de 1,66 % à un peu plus de 2,09%. Or, la Fed s'est engagée dans une logique de remontée de ses taux d'intérêt directeurs dès 2015. Même si la BCE entend maintenir une politique de taux bas, indépendamment de la Fed, il y a un potentiel de contagion sur les marchés financiers, même si, tempère Guillaume Menuet, «l'absence d'inflation en zone euro fait que le risque de hausse des taux à long terme demeure beaucoup plus faible qu'aux Etats-Unis ».