Il n'y a pas qu'aux Etats-Unis que les centres commerciaux souffrent de la concurrence de l'e-commerce et des changements de comportement. En France, le Conseil national des centres commerciaux (CNCC) a dressé un constat sans appel pour l'année 2013 : les « malls » français ont vu leur chiffre d'affaires global baisser de 1,6 % et leur fréquentation de 1,7 %. Et, comme outre-Atlantique, c'est l'électronique grand public et la culture qui ont tiré le secteur vers le bas. Pour la culture, le syndicat professionnel note une chute de 9 % de l'activité des grandes surfaces spécialisées. C'est l'effet Virgin Megastore. Pour les loisirs, le recul est de 4,3 %.Pour l'heure, cependant, en France, la crise des centres commerciaux n'est pas un sujet de débat pour les professionnels de la distribution. Les chiffres des grandes foncières comme Unibail Rodamco ou Klépierre sont encore bons et les loyers versés par les enseignes locataires augmentent toujours. Mais la réalité n'est pas si simple. Les promoteurs de centres commerciaux bénéficient du fait que les loyers sont indexés sur l'indice des loyers commerciaux (ILC), qui augmente chaque année en dépit des performances des magasins. Par ailleurs, ils ont misé sur les grandes marques de textile comme H&M et Zara ou les phénomènes comme Arbercrombie qui demeurent performants et rentables. L'an passé, le secteur équipement de la personne a progressé de 5,2 %, selon le CNCC.Mais le système commence à craquer et les grandes foncières l'ont anticipé en vendant leurs centres les moins attractifs : Klépierre a ainsi revendu ses galeries d'hypermarchés Carrefour. Les enseignes ne maintiennent plus en vie leurs magasins non rentables. Et, surtout, elles réclament à la fois des baisses de loyer et de charges. Dans la profession, il se murmure aussi que les derniers grands centres inaugurés, comme So Ouest à Levallois-Perret ou Aéroville près de Roissy, ne sont pas de francs succès.