Cette machine, lancée par des séries devenues cultes comme "Tekken", est le fruit d'une brouille entre l'inventeur du Walkman et le leader du marché au début des années 1990, Nintendo.
Le partenariat qu'ont noué les deux entreprises, visant à sortir un lecteur de CD compatible avec la console Super Nintendo, tombe à l'eau lorsque le créateur de Mario fait volte-face pour s'allier avec Philips.
"Sony s'est retrouvé dans une position humiliante et décide de lancer la +Play Station+ (le nom du prototype développé pour Nintendo, NDLR) en tant que console indépendante", raconte Hiroyuki Maeda, spécialiste japonais de l'histoire des jeux vidéo.
Conscient de sa position de novice, le fabricant d'équipements électroniques vise alors les jeunes adultes, notamment via des campagnes de publicité au ton décalé."C'est un public qui a un meilleur pouvoir d'achat que les enfants, qui étaient souvent la cible des consoles Nintendo", explique Philippe Dubois, président de l'association française pour la préservation du patrimoine numérique M05.
Capable de lire les CD audio, la machine séduit au-delà du jeu vidéo. Un élément marketing que reprendront la Playstation 2 et son lecteur DVD (160 millions d'exemplaires écoulés dans le monde, plus gros succès de la gamme PlayStation), puis la PS3 et son lecteur Blu-Ray.
- Ruée vers la 3D -
Pour Hiroyuki Maeda, "la PlayStation a changé l'histoire des jeux vidéo. Elle a vraiment tout transformé: le matériel, les logiciels, la distribution et le marketing."
Car ce changement de cible s'accompagne aussi d'une révolution technologique.
"Pour beaucoup de joueurs, elle a été une porte d'entrée vers l'évolution majeure du milieu des années 90: le passage à la 3D", assure Philippe Dubois.
Jeux de sports, de combats, de course... De nombreux studios se tournent vers cette console pour expérimenter autour de cette nouvelle technologie, attirés par des kits de développement moins chers que ceux de la concurrence et le format CD, encore peu répandu et aux capacités de stockage bien plus élevées qu'une cartouche de jeu.
Cette ruée vers la 3D accouche de classiques comme "Tomb Raider" (1996), "Resident Evil" (1996) et "Final Fantasy VII" (1997).
Avec ces jeux, "on a découvert des sensations, des émotions qu'on n'avait pas connues avec les consoles d'avant", se souvient Cyril 2.0, 46 ans, qui fait découvrir la ludothèque de la machine sur sa chaine YouTube.
Ce Français de 46 ans possède près de 1.400 titres de la première PlayStation.
"Les jeux, c'est le plus important sur une console", souligne-t-il, devant sa collection répartie sur plusieurs bibliothèques. Mais il ajoute qu'à la différence de Nintendo, "on est plus attaché à la marque PlayStation qu'à des personnages en particulier".
- Héritage -
Le pari est largement gagné pour Sony: le constructeur, qui visait au minimum un million de ventes pour amortir le coût de développement, en écoulera plus de 102 millions.
Son souvenir est toujours vif dans l'esprit des créateurs d'aujourd'hui.
"C'est la première console où j'ai des souvenirs de jeux qui m'ont marqué et qui maintenant m'inspirent", témoigne Bastien Giafferi, développeur français derrière "The Operator", succès de la scène indépendante en 2024.
Cet héritage transparaît également dans les différentes générations de la console, qui en est à sa cinquième et a connu des versions portables au succès bien moins important.
Début novembre, Sony a aussi lancé une version Pro — plus puissante — de sa PlayStation 5, ainsi qu'une gamme de produits en édition limitée reprenant la teinte grise de la console originale.
"Les habitudes, les jeux, les marques, les icônes, tout ce qu'elle a lancé au niveau de la culture du jeu vidéo... Je pense qu'il n'y aura plus d'équivalent", regrette toutefois Philippe Dubois, qui prédit une disparition prochaine des consoles au profit du jeu en streaming sur internet.