Les emplois créés pendant les Jeux Olympiques et Paralympiques pourraient être une aubaine pour les employeurs confrontés depuis des années à des problèmes de recrutement. Présentés comme un défi de l'héritage des Jeux, il s'agit aujourd'hui de pérenniser les 181.000 emplois qui ont été mobilisés, dont 150.000 en Ile-de-France. Une main-d'oeuvre formée, souvent à grand renfort d'argent public, qui a vécu une expérience unique durant les JO et représente un vivier à ne pas lâcher dans la nature. « 15 à 20 % de nos entreprises sont toujours en manque d'effectifs, dans le bâtiment, la sécurité, les services à la personne ou le numérique. Il serait absurde d'avoir formé des gens pour les JO pour s'en séparer après », souligne Bernard Cohen-Hadad, le président de la CPME Ile-de-France. Le taux de chômage s'élève à 7% dans le territoire, selon la Région.

« Un pied dans l'entreprise »

Dans le détail, lors des JO, 30.000 personnes ont travaillé en amont dans la construction des infrastructures, 89.300 dans l'organisation de l'événement (sécurité, gestion des déchets, propreté, restauration, transport…) et près de 61.800 dans le tourisme. Rebondir rapidement pour mettre en lien les entreprises franciliennes qui avaient des besoins bien avant les Olympiades et ces candidats qui y ont fait leurs preuves, c'est tout l'enjeu de la plateforme tout juste mise en place par la région Ile-de-France, la préfecture de région et France travail.

Baptisé « Mon emploi en Ile-de-France après les Jeux », le portail, opérationnel depuis le 9 septembre, propose déjà 30.000 offres d'emploi déposées par une cinquantaine d'entreprises, pour l'instant surtout des partenaires des JO - Accor, Sodexo, Air France, SNCF, RATP… Mais le Medef Ile-de-France, la CPME et l'U2P (pour les entreprises de proximité), très intéressés par ce vivier de main-d'oeuvre, devraient, à leur demande, y monter en puissance pour alimenter les TPE et PME.

« La problématique du recrutement reste un frein à l'économie, or les emplois créés pour les JO , moyennement qualifiés, correspondent aux métiers en tension en Ile-de-France, dans la sécurité, les transports, la propreté, la restauration et l'hôtellerie » exprime Daniel Weizmann, le président du Medef Ile-de-France. Il estime entre 50.000 et 60.000 les besoins en emplois des entreprises franciliennes. Un gros effort a été fait en termes de formation. « Depuis 2020, nous avons formé 50.000 personnes en Ile-de-France pour les JOP. Il faut anticiper leur reconversion et continuer à les qualifier », a expliqué de son côté Valérie Pécresse, la présidente LR de la région, lors de la présentation du portail. Les pouvoirs publics ont investi massivement, comme dans la sécurité où 68 millions d'euros ont été mis sur la table par l'Etat pour former in extremis 25.000 agents. Pas question donc de laisser filer ces profils, qui en plus, selon Bernard Cohen-Hadad de la CPME Ile-de-France, ont l'avantage d'avoir « mis un pied dans l'entreprise, montré qu'ils avaient envie de travailler et qu'ils pouvaient partager une expérience entrepreneuriale ».

« Passerelles »

Le dispositif vise à faciliter « des passerelles » vers les métiers en tension, via « des parcours de reconversion » financés par l'Etat et la région. « Un agent de sécurité durant les Jeux Olympiques pourra, par exemple, aller vers la sécurité des aéroports, des magasins, ou devenir policier municipal », indique Nadine Crinier, directrice régionale de France Travail. L'enjeu est d'autant plus crucial que les JO, suivant la charte sociale élaborée par Paris 2024, ont permis de remettre dans le monde du travail des personnes éloignées de l'emploi. Environ 19.000 demandeurs d'emploi ont été embauchés.

Autre vivier qui pourrait se révéler intéressant pour les employeurs : les 45.000 volontaires des JO, retenus au bout d'un long casting, notamment pour leurs connaissances des langues étrangères. Un « open badge », certification spécifique créée pour les Jeux, leur permet de mettre en avant leurs compétences auprès des entreprises.

Pour ne pas laisser retomber le soufflé, plusieurs salons et forums pour l'emploi doivent être organisés cet automne, dont un le 29 octobre au Stade de France. « La région compte 600 à 700.000 chômeurs. Ce n'est pas normal, alors que les autres capitales d'Europe sont au plein-emploi », a pointé Valérie Pécresse.