Entre vendredi et samedi, "225 mesures de liberté ont été accordées (...) à des personnes poursuivies pour les actes de violence survenus après les élections du 28 juillet", a déclaré le bureau du procureur dans un communiqué, sans préciser quels cas avaient été réexaminés.

De son côté, l'ONG Foro Penal avait confirmé samedi à 19H00 (23H00 GMT) la libération conditionnelle de 107 personnes.

Le parquet avait promis vendredi le réexamen de 225 dossiers parmi les 2.400 personnes arrêtées lors des troubles qui ont suivi la proclamation de la victoire de M. Maduro par le Conseil national électoral, considéré aux ordres du pouvoir. 

L'opposition crie à la fraude et revendique la victoire de son candidat Edmundo Gonzalez Urrutia. Les Etats-Unis, l'Europe et de nombreux pays d'Amérique latine ne reconnaissent pas la deuxième réélection de M. Maduro.

Le bilan des violences post-électorales s'établit à 28 morts et près de 200 blessés, selon le procureur général Tarek William Saab.

Depuis la réélection contestée de M. Maduro, Edmundo Gonzalez Urrutia s'est réfugié en Espagne et la cheffe de l'opposition, Maria Corina Machado, vit dans la clandestinité.

"L'amour et le courage de leurs familles, ainsi que le travail rigoureux des défenseurs des droits de l'homme (...) ont permis leur libération. Ils méritent tous une liberté totale et de ne pas rester à la merci de ces juges de la terreur", a réagi sur X Mme Machado samedi.

- "Innocents" -

"Je me sens un peu perdu après une si longue période d'incarcération", confie Andres Galea, 31 ans, serveur et vendeur qui vient d'être libéré de la prison de Yare III, à une centaine de km de Caracas. 

"Je me sens en paix (...) (Les trois mois) ont été assez durs, j'avais la foi que nous allions sortir parce que nous sommes tous innocents", relève-t-il.

Accompagné par sa mère en pleurs, il a été applaudi par une centaine de personnes qui attendait sa libération depuis le matin.

Dès les premières heures du jour, les rumeurs sur les possibles libérations à venir ont rassemblé des dizaines de proches de détenus devant les prisons.

"Le niveau d'angoisse ne baisse pas! Tant qu'ils ne sont pas en liberté, je ne peux pas dire qu'ils sont libres. C'est la pire chose qui soit arrivée à notre famille. La pire", déplore Nelia Olivares, proche de trois personnes écrouées: son beau-frère et ses deux neveux. 

"Nous sommes venus aujourd'hui parce que nous en avons entendu parler sur les réseaux sociaux", explique Alexandra Hurtado, 47 ans, devant Yare III, vêtue d'un T-shirt sur lequel sont imprimés une photo de son fils, Oscar Escalona, 23 ans, et le slogan: "Ce n'est pas un terroriste, il est innocent".

Devant la prison pour femmes de Las Crisalidas, près de Caracas, un groupe attend.

"Ces quatre mois ont été horribles, voir ma fille pleurer (...) Je lui disais que maman allait revenir", raconte à l'AFP Junior, un cuisinier de 34 ans, qui a préféré ne pas donner son nom, dans l'attente de savoir si sa femme allait être libérée.

- "Conditions inhumaines" -

"S'il y a des cas à rectifier et à réexaminer, c'est aussi pour que justice soit faite (...) au cas où il y aurait eu une sorte d'erreur de procédure", avait déclaré le président Maduro lundi, indiquant que la justice vénézuélienne allait examiner de nouveaux dossiers.

Des centaines de familles ont organisé ces dernières semaines des manifestations pour demander la libération de leurs proches.

L'opposition dénonce régulièrement les conditions "inhumaines" de détention des personnes arrêtées.

Jeudi, un militant de l'opposition est mort en prison. La veille, sa famille avait dénoncé le mauvais état d'une jambe, nécrosée.

Foro Penal a fustigé jeudi une "crise répressive" au Venezuela "avec ce chiffre énorme de 1.976 prisonniers politiques", contre 305 avant la présidentielle du 28 juillet.

"Nous parlons du plus grand nombre de prisonniers politiques du 21e siècle, du plus grand nombre de prisonniers politiques de tout le continent américain", avait alors relevé le président de Foro Penal, Alfredo Romero.