Le scrutin, dénoncé par Georgetown, n'a pas eu lieu dans l'Essequibo, territoire administré par le Guyana mais dans une micro-circonscription que Caracas a spécialement créée à la frontière guyanienne.
Un gouverneur, huit députés et des conseillers régionaux ont donc été élus. Le poste de gouverneur, remporté par Neil Villamizar, est symbolique puisque l'Essequibo et ses 160.000 km2 sont administrés par le Guyana. Il n'y avait aucun bureau de vote côté guyanien.
"Aujourd'hui, l'Essequibo a un gouverneur, l'amiral (Neil) Villamizar. Et cet amiral, gouverneur élu par le peuple, va recevoir tout le soutien pour sa tâche, car le peuple de l'Essequibo s'est battu pour (...) avoir tous les droits en tant que peuple du Venezuela", a lancé le président vénézuélien Nicolas Maduro à ses partisans à Caracas dimanche soir, après la proclamation des résultats donnant une victoire écrasante à son parti aux législatives et régionales.
Le scrutin pour l'Essequibo pour lequel il y avait 21.403 inscrits côté vénézuélien, est une étape supplémentaire vers la "souveraineté pleine" de ce territoire, s'est pour sa part félicité auprès de l'AFP Neil Villamizar avant les résultats.
La participation a été de 31,58% et M. Villamizar a finalement obtenu 4.720 voix soit 97,40% des suffrages exprimés.
Il devient le premier gouverneur ce 24e Etat vénézuélien, la Guayana Esequiba, créée en 2024 par les autorités de Caracas mais qui se situe au Guyana. Il n'aura aucun pouvoir sur le territoire.
"Nous nous concentrons sur cette tâche : obtenir par la voie pacifique (...) la récupération de la pleine souveraineté de la Guayana Esequiba, en paix, avec harmonie, en pratiquant la diplomatie", a assuré M. Villamiza.
Parmi ses promesses faites aux Essequibanos, des pièces d'identité vénézuéliennes, et l'accès à des services de santé et d'éducation.
A El Dorado, un des quatre villages de l'Etat de Bolivar (sud-est) où l'on a voté pour les élus de l'Essequibo, une maison communale accessible par une route de terre a fait office de bureau de vote, a constaté une journaliste de l'AFP.
Pour Adolfo Torrealba, un commerçant de 62 ans, cette élection "aurait dû avoir lieu il y a longtemps". "Grâce à Dieu, ils l'ont pris en compte et enfin nous allons avoir ici un gouverneur et quelqu'un qui nous représentera", a-t-il dit après avoir voté.
- "Envahisseur de métier" -
Le Guyana a dénoncé cette élection comme une "menace", tandis que la Cour internationale de justice (CIJ), qui traite le différend territorial, a vainement demandé au Venezuela de s'abstenir d'organiser le scrutin.
Dimanche après-midi, après avoir voté, M. Maduro a lancé à l'adresse de son homologue guyanien Irfaan Ali : "Tôt ou tard, et le plus vite sera le mieux, il devra s'asseoir avec moi pour discuter et accepter la souveraineté vénézuélienne".
"Avec un gouverneur, des ressources, un budget et tout le soutien que je vais apporter, nous allons récupérer" l'Essequibo "pour le peuple", a-t-il également lancé.
En 2023, Caracas avait organisé un référendum demandant notamment aux Vénézuéliens s'ils étaient favorables à la création d'un Etat de l'Essequibo faisant partie du Venezuela.
Georgetown, qui assure que Caracas cherche à annexer les deux tiers de la superficie du Guyana, souligne que le tracé de sa frontière, datant de l'époque coloniale anglaise, a été entériné en 1899 par une Cour d'arbitrage à Paris. Georgetown demande à la CIJ de le ratifier.
Le Venezuela estime pour sa part qu'un accord signé en 1966 avec les Britanniques à Genève, avant l'indépendance du Guyana, jette les bases d'un règlement négocié hors de la Cour internationale de justice. Il soutient que le fleuve Essequibo doit être la frontière naturelle, comme en 1777 à l'époque de la colonisation espagnole.
Si Caracas n'a jamais abandonné ses prétentions sur le territoire, le différend a été ravivé lorsque le groupe ExxonMobil a découvert d'immenses réserves de pétrole en 2015.
"Le Guyana est un envahisseur de métier" qui maintenant "prétend nous enlever l'Essequibo parce qu'il a le soutien de certaines multinationales (pétrolières) et de certains pays puissants (Etats-Unis)", avait accusé Alexis Duarte, le candidat qui a fait campagne dans l'opposition.