Le passage de la TVA applicable aux services à la personne de 7 % à 20 % en juillet dernier a incité 7 % des Français faisant appel aux services d'un professionnel pour leurs petits travaux de jardinage à se tourner depuis vers le travail au noir. C'est ce que révèle l'étude commandée à l'institut de sondage I + C par l'Unep, le syndicat des paysagistes. « On nous demande de façon croissante de payer en espèces pour les petits montants de l'ordre de 300 à 500 euros », témoigne Catherine Muller, sa présidente.Le triplement de la TVA a également conduit 20 % des clients à diminuer leurs achats de services. Tondre la pelouse n'étant pas un service de première nécessité, cela aurait pu être pire. Mais, explique le secrétaire général de l'Unep, Pierre-Emmanuel Bois, « en réalité, ce n'est que le début du phénomène. Il a été limité jusqu'à présent par le fait que tous les contrats annuels signés avant le 1er juillet 2013 conservent la TVA réduite jusqu'en juillet 2014. C'est donc au second semestre de cette année que l'effet du changement de TVA se fera vraiment sentir ».Toujours selon l'étude d'I + C, 9 % des entreprises du secteur des espaces verts intervenant dans le service à la personne envisagent de licencier en 2014. Le service à la personne ne représente que 475 millions d'euros sur les 2,1 milliards de chiffre d'affaires générés par la clientèle des particuliers (le solde est le gros entretien et la création de jardins), mais c'est le segment le plus fragile, car saturé d'entreprises unipersonnelles : « le segment est passé de 2.700 entreprises en 2008 à 7.800 en 2012 », souligne Pierre-Emmanuel Bois.En dehors des services à la personne, le relèvement de la TVA touche aussi le segment de la rénovation (allées et terrasses attenantes aux espaces verts). Le reste du marché des particuliers, qui a toujours été en TVA à 19,6 %, s'en sort mieux : la mauvaise météo avait plombé l'activité du premier trimestre 2013, mais, au quatrième trimestre, l'hiver clément et, apparemment, une embellie conjoncturelle, a entraîné un fort rebond. Le panier moyen des particuliers s'est reconstitué, atteignant 6.000 euros fin 2013, contre 3.600 euros un an auparavant.

L'effet « municipales »

Le segment des clients publics (1,5 milliard d'euros, soit 30 % de l'activité des paysagistes) a connu un rebond encore plus fort (+ 4 %) au quatrième trimestre. « C'est l'effet "municipales" », les maires embellissent leurs villes », commente Pierre-Emmanuel Bois. Plus dure sera la chute. Les paysagistes redoutent le traditionnel trou d'air postélectoral, pendant que la nouvelle équipe s'installe.Au final, le rebond de fin d'année a compensé un début d'année catastrophique et la moitié des entreprises du paysage sondées par I + C a embauché.